Le G20 mobilisé pour traquer le financement du terrorisme

Au sommet du G20 qui se termine ce lundi 16 novembre à Antalya en Turquie ont été évoqués les moyens concrets pour lutter contre le terrorisme. La traque des flux financiers suspects fait partie des engagements fermes pris à l'unanimité.

L'idée est de « resserrer les mailles du filet », selon l'expression employée par le ministre français de l'Économie et des Finances Michel Sapin. Cela veut dire identifier les sources de financement du terrorisme pour les assécher et suivre au plus près les mouvements suspects signalant la préparation d’un attentat pour l’empêcher. Le dire, c’est bien, mais le faire est un vrai un tour de force qui va demander des années de mobilisation dans les administrations de tous les pays volontaires.

Il faut d’abord que chaque pays se dote d’une cellule financière ad hoc, qu’il aménage ensuite sa réglementation pour contraindre les banques à prévenir les autorités à partir d’un certain seuil et puis il faut enfin que les informations circulent d’un pays à l’autre, car les mouvements financiers sont transfrontaliers.

Le GAFI (Groupe d’action financière) va superviser ce vaste chantier

Trente-cinq pays sont membres de cette institution créée pour lutter contre le blanchiment de l’argent, dont presque tous les pays du G20, à l’exception de l’Indonésie. Pour que les belles intentions affichées à Antalya se concrétisent, le GAFI va s’inspirer des méthodes employées avec succès par l’OCDE pour contraindre tous les pays à lutter contre l’optimisation fiscale. En fixant un calendrier, des objectifs et en publiant régulièrement un rapport pour dénoncer les velléitaires.

De l'Arabie saoudite, souvent suspectée de financer en sous-main certains groupes terroristes, aux pays occidentaux, en passant par la Russie ou Singapour qui est une grande place financière en Asie, tous les pays du G20 se disent déterminés à agir. Parce qu’ils ont conscience que le terrorisme les concerne tous. Au cours du dîner consacré à cette question, le Premier ministre de Singapour par exemple a souligné dans son intervention qu’il y a en Asie du Sud-est un bataillon de l’organisation État islamique.

La France à la pointe dans cette traque financière sous la contrainte des évènements

Après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, Paris a réactivé ce chantier au sein du G20 lors de la réunion des ministres des Finances d’Antalya en février. En renforçant aussi les contrôles au niveau national. On est déjà doté des instruments de contrôle avec la cellule Tracfin qui dépend de Bercy. Et puis suite aux attentats de janvier, les procédures ont été durcies.

Depuis le mois de septembre dès que des mouvements de capitaux supérieurs à 10 000 euros par mois apparaissent sur les écrans radars des banques, elles ont l’obligation de le signaler à Tracfin. 10 000, cela veut dire un virement unique de 10 000 ou une dizaine de virements de 1000 euros. Donc on est là dans une analyse très fine, que le big data va contribuer à alimenter. Tous ces efforts menés par la France et par d’autres pays occidentaux vont dans le bon sens. Encore faut-il que les autres membres du G20 leur emboitent le pas ; cela dépend maintenant du bon vouloir de chacun d’entre eux.

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