La Thaïlande, détrônée l'an dernier de son rang de premier exportateur mondial de riz, tente de se débarrasser des grains qui pourrissent dans ses entrepôts, et elle n'a pas d'autre choix que d'aider ses riziculteurs, sans filet désormais face à la chute des cours.
La junte qui a renversé le pouvoir de Yingluck Shinawatra voulait abandonner tout soutien à la production de riz quatre ans après le lancement d'un programme massif d'achat de riz aux paysans, qui s'était révélé être un fiasco financier pour la Thaïlande, et un désastre pour le marché international du riz. Le riz thaï était payé près de deux fois plus cher que ce qu'il pouvait être revendu sur le marché international. Pendant ce temps, les prix mondiaux du riz ont continué de chuter. En septembre 2015, ils étaient au plus faible niveau depuis 6 ans, à 350 dollars la tonne.
En 2015, les riziculteurs thaïlandais recevront deux fois moins d'argent pour la même quantité de riz, le mécontentement gronde chez ces paysans qui constituent la majorité des actifs du pays. D'autant que la sécheresse va amputer les volumes de riz produits : El Niño commence à faire mal en Asie du Sud-Est.
C'est pourquoi le pouvoir militaire a finalement lâché du lest. Mardi 27 octobre 2015, il a cédé l'équivalent de 1 milliard de dollars de subventions et de crédits à taux préférentiels aux producteurs de riz. Alors que la nouvelle récolte arrive, la junte doit aussi faire de la place dans les entrepôts qui débordent et où le riz s'abîme.
Les négociations sont toujours en cours avec l'Indonésie et les Philippines dont la récolte est plus faible cette année. Et pour les 2 millions de tonnes de riz inconsommables, au bout de quatre ans, le gouvernement de Bangkok s'est engagé à le vendre à des filières non alimentaires, comme les fabricants d'éthanol.