L'Autorité européenne chargée de la surveillance des banques de la zone euro doit rendre demain son verdict sur la solidité et les besoins de recapitalisation des quatre principales banques grecques : la Banque Nationale de Grèce, Eurobank, la Banque Alpha et la Banque du Pirée.
Pourquoi ces quatre-là ? Parce qu'elles sont considérées comme « systémiques » c'est- à-dire susceptibles, en cas de faillite, d'entraîner tout le système financier grec dans leur chute. Les banques grecques sont confrontées, après 5 ans d'austérité, au surendettement de leurs clients, ce qui entraîne la multiplication des impayés et des créances « douteuses ». Par ailleurs, la crise économique - et politique - en Grèce a entraîné des retraits massifs de fonds, auxquels le gouvernement a dû faire face par de strictes mesures de contrôle des capitaux. Un contrôle encore en place bien qu'allégé.
Le plan de sauvetage conclu en juillet dernier avec les créanciers de la Grèce prévoit 25 milliards d'euros d'aide, spécifiquement pour les banques. Dix milliards ont déjà été avancés au Fonds hellénique de stabilité. Les 15 milliards d'euros restants sont liés à l'application des mesures de rigueur promises. De son côté, le gouvernement grec prépare un projet global de recapitalisation du secteur bancaire qui prévoit de faire appel aux investisseurs privés et une participation accrue du Fonds hellénique de stabilité financière au capital des banques, par l'achat d'actions et d'obligations nouvelles. Ce fonds public est déjà majoritaire dans toutes les banques grecques, sauf dans Eurobank.
Pourquoi est-il si important de recapitaliser les banques grecques ?
Parce que la reprise économique de la Grèce en dépend. Sans système bancaire pas de financement de l'économie, de prêts aux entreprises pour investir, de crédits à la consommation, d'accueil et de réorientation de l'épargne vers les activités productives. Or la Grèce a encore bien des défis à relever. Elle devrait à nouveau connaître une récession de 1,5% à 2 % cette année. Et elle affiche le record européen du chômage à 25 % de la population active.
Pour obtenir, dans les jours qui viennent, une nouvelle tranche de 2 milliards d'euros de l'Union européenne, des mesures supplémentaires d'austérité sont dans les tuyaux, dont une réforme des retraites qui réduisent encore le montant des pensions. La perspective de faciliter les saisies immobilières à l'encontre des ménages endettés est une disposition difficile à accepter par un gouvernement de gauche, et elle est encore en discussion.
Et même des décisions déjà prises peinent à être mises en œuvre...
Ainsi l'appel d'offres pour le rachat de 51 % du capital du port du Pirée a été reporté de six semaines parce que le dossier avait pris du retard et celui portant sur la privatisation du transport ferroviaire a été repoussé en janvier.
La situation est donc bien loin d'être rose et un signe qui ne trompe pas : la Banque mondiale va aider la Grèce par le biais de sa branche d'aide au secteur privé, afin de dynamiser l'investissement. Normalement, la Banque mondiale n'intervient que dans les pays en développement et elle n'a dérogé qu'une fois à ce principe dans les années 1990 en faveur de la Corée du Sud alors en difficulté.