Pas de campagne de publicité dans les journaux généralistes. Le lancement d'« Orange cash », en partenariat avec Visa, a été annoncé assez discrètement ou plutôt sereinement. Ce service permet de payer avec son téléphone portable pourvu qu'il soit un téléphone Orange, avec la fonction sans contact. Il transforme donc le mobile en carte virtuelle. « Orange cash » est totalement inédit, aucun autre opérateur ne le propose. C'est une habitude de consommation à adopter.
Le système a été testé depuis 1 an dans plusieurs villes de France, et depuis le 8 octobre 2015, l'application peut être téléchargée. En 10 jours, il y eut 30 000 utilisateurs et 6 000 transactions enregistrées. La direction d'Orange France se dit modestement optimiste.
Un système utilisé quotidiennement en Afrique
En Afrique, cela fait des années qu'Orange propose le paiement sur mobile. Ce n'est d'ailleurs pas seulement un moyen de paiement que les clients ont sur leur portable, mais une banque. « Orange Money », le service de transfert d'argent sur mobile compte 14 millions de clients en Afrique, répartis sur 19 pays. Le double d'ici 2018, c'est ce qu'espère l'opérateur, qui va dès le début de l'année 2016 lancer « Orange Money » en France.
Le service s'adressera dans un premier temps aux diasporas sénégalaises ivoiriennes et maliennes pour leur permettre d'envoyer de l'argent à leurs proches à des prix attractifs. Une commission fixe de 5 euros est demandée, ce qui ne représente pas grand-chose lorsque l'on sait que d'ordinaire 6,5 % des montants échangés sont prélevés.
L'entreprise veut devenir une banque 100 % digitale
L’opérateur veut devenir une banque, une vraie banque, sur mobile, 100 % digitale. Ses clients pourront payer, transférer, retirer de l'argent, mais aussi demander un crédit. En Pologne, Orange a lancé il y a 1 an, l'application en partenariat avec la 3e banque du pays, Mbank, et compte 100 000 clients aujourd’hui.
En France, deux difficultés vont devoir être surmontées, la première étant de trouver un partenaire, une banque qui ne craindra pas de perdre une partie de sa clientèle au profit de l'opérateur. Il faut donc trouver un acteur plus petit, dont le coeur de métier ne serait pas la banque, mais une activité limitrophe comme l'assurance, ou l'investissement par exemple... Autre difficulté, la sécurité des données. Comment la garantir ? Dans quelle mesure l'opérateur pourra-t-il remplir les conditions qui lui permettront d'accéder un jour au statut de banque à proprement parler ? Prudent, l'opérateur a préféré retarder de quelques mois le lancement de sa banque, prévue initialement début 2016.
Orange sur le marché des banques françaises
L'opérateur donne un nouvel exemple de la façon dont internet a bouleversé la manière dont on fait l'économie, bousculé les modèles, abaissé un grand nombre de barrières, internet et le mobile.
Aujourd'hui, pour une entreprise qui cherche à se diversifier, il suffit d'être une marque connue, crédible, compétitive, et le pas peut être franchi. C’est ce qu'a d'abord fait Uber, et Orange, aujourd’hui. La banque est loin d'être le seul secteur à avoir du mal à gérer le pas forcé imposé par cette révolution numérique.