La Chine abandonne la potasse. Le fonds souverain chinois vient d'annoncer qu'il souhaitait vendre sa participation de 12,5 % dans Uralkali, le géant russe des engrais, numéro un mondial de la potasse. L'intérêt chinois se fane pour cet engrais, dont l'avenir ne semble plus aussi prometteur. Il y a trois ans, la Chine pensait pourtant faire une bonne affaire : elle investissait dans une matière première dont l'agriculture chinoise est la première consommatrice au monde, et dont les agriculteurs du monde entier étaient de plus en plus friands pour fertiliser leurs champs, la potasse. Uralkali était valorisé en bourse à 22 milliards de dollars.
Mais aujourd'hui, le géant russe de la potasse vaut à peine 9 milliards de dollars. Entre temps, les prix de la potasse se sont effondrés, de 500 dollars la tonne à 300 dollars. Un déclin accéléré depuis l'an dernier par la chute des cours des céréales et des oléagineux. Les agriculteurs, perdant en revenus, ont économisé sur les engrais ou ont reporté leurs achats, en particulier au Brésil et en Amérique du Nord, deux tiers du marché des fertilisants.
Le cartel mondial de la potasse a échoué à maintenir les prix. Et pour cause : il a volé en éclat. Le lien était déjà rompu entre les producteurs de potasse russe et biélorusse, sur fond de brouille diplomatique. Quant aux autres grands acteurs nord-américains de cet engrais, ils se sont mis à produire comme jamais pour ne pas perdre leur part de marché - un phénomène identique à celui qu'on observe dans le pétrole, de la part de l'OPEP.
Le fournisseur américain de potasse Mosaïc commence à peine à réduire son offre, il a mis sa mine canadienne en maintenance en début de semaine dernière, et le Canadien Potash Corp cherche à acquérir un concurrent, l'Allemand K+S, pour neutraliser les nouveaux projets d'extraction de potasse, qui encombreraient davantage le marché. Quant au Russe Uralkali, le numéro un mondial est contraint de racheter ses propres actions pour en soutenir le cours, maintenant que la potasse n'est plus considérée comme un investissement stratégique par la Chine.