C'est justement le concurrent biélorusse de Uralkali qui vient de signer un accord avec la Chine sur le prix de la potasse pour les six prochains mois. La compagnie biélorusse a accepté un compromis à 315 dollars la tonne, coupant l'herbe sous le pied des producteurs russes et canadiens qui espéraient obtenir un prix plus élevé. Mais la situation économique de la Biélorussie est mauvaise, et il était donc important pour Minsk de conclure avec Pékin, car la Chine est le plus gros consommateur mondial de potasse. Pour mémoire, en 2009, le prix moyen de la potasse était de 900 dollars la tonne, pour 379 dollars l’année dernière, et la chute continue.
Autres soucis pour Uralkali : la compagnie ne parvient pas à endiguer l’inondation de la mine de Solikamsk -2 , dans l'Oural, qui représente un cinquième de sa production. C’est en novembre dernier que les infiltrations d’eau ont commencé, provoquant l'effondrement de la mine et l'apparition d'un cratère de 20 mètres de diamètre et 30 mètres de profondeur. Depuis ce cratère n’a fait que s'agrandir, il atteint 75 mètres de fond. L’afflux d’eau dissout la potasse et menace la totalité de la mine. L'entreprise mène des opérations de pompage, de dérivation et d’étanchéité avec l’autre mine locale Solikamsk -1. Mais Uralkali risque de devoir abandonner le site qui représente 18 % de sa capacité.
Uralkali a donc dû provisionner 1 milliard de dollars à cause de cette inondation. Sa production pourrait tomber de 12 millions de tonnes en 2014 à 10,2 millions en 2015. Et la compagnie subit également des pertes financières dues à la chute du rouble. C’est dans ce contexte que Uralkali vient d’annoncer un plan d’augmentation de sa production avec un objectif de 14,4 millions de tonnes en 2020.
Une bonne nouvelle toutefois pour le géant russe de la potasse : les autorités renoncent à imposer une taxe à l’exportation, une mesure envisagée pour éviter des pénuries sur le marché intérieur, et les poussées d’inflation. Le ministère de l’Agriculture y était favorable pour aider les fermiers russes. Mais ces taxes auraient handicapé Uralkali sur les marchés étrangers. Son lobbying a été efficace.