Le produit intérieur brut devrait reculer cette année de 2,4 % selon les chiffres fournis aujourd’hui par les services du ministre des Finances. Une estimation qui se rapproche enfin de celle des observateurs. Ceux-là prévoient -3 % en 2015 et -2 % en 2016. Après plusieurs années de croissance molle, ce qui était déjà atypique, voire anormal pour un grand pays émergent, le Brésil est maintenant confronté à une récession sévère, avec tous les symptômes d’un grand malade : un déficit public à 10 % du PIB, une inflation à 10 %, un chômage qui a doublé en un an.
Cette brutale décélération est due en partie à sa dépendance à l’égard de la Chine. Le Brésil s’est surtout enrichi grâce à ses gisements miniers et à ses récoltes. Des matières destinées principalement à la Chine. 60 % des exportations du Brésil sont constituées de matières premières. Il a donc logiquement souffert du ralentissement chinois et de la chute des cours des matières premières.
Comment se porte le reste de l’économie ?
L’industrie a longtemps été portée par la demande interne, un marché de 200 millions de consommateurs ça compte. Surtout quand le crédit est facilité, et le revenu des plus pauvres relevé, c’est la politique de la demande mise en œuvre par Lula en 2003 et poursuivie par Dilma Rousseff. Mais avec la chute des revenus miniers, cela ne fonctionne plus du tout. L’endettement de l’État comme celui des ménages s’envole, les taux d’intérêt grimpent. Et les banques deviennent précautionneuses. Du coup, la machine est grippée. C’est alors qu’on découvre la faille chronique de l’économie brésilienne : le manque d’investissement productif.
Le taux d’investissement représente 18 % du PIB, en Inde c’est le double et presque le triple en Chine. Un pays où les infrastructures, centrales électriques, routes sont défaillantes, où la main d’œuvre est relativement chère et peu formées, détournent les investisseurs pressés, ils privilégient les placements dans des activités financières plus rentables.
Dilma Roussef est de plus en plus contestée dans la rue comme au sein de son parti, quelle est sa marge de manœuvre pour rétablir l’économie ?
La présidente est incapable de mener les réformes nécessaires pour assainir l'économie et les finances, estime l’agence Standard and Poor’s qui en a tiré les conséquences en rétrogradant la note souveraine du Brésil dans la catégorie spéculative. Une mauvaise nouvelle de plus pour un pays empêtré depuis des mois dans le scandale de corruption qui entache la compagnie pétrolière Petrobras.
L'affaire sape l'économie et fragilise toute la classe politique, des députés à la présidente. Dilma Rousseff a tenté de reprendre la main, en présentant un budget de rigueur pour 2016, mais il pourrait être retoqué dans les jours qui viennent par le congrès. Crise économique et crise politique s'auto alimentent, provoquant doute et mécontentement croissant parmi la population.