Les ambitions africaines de Vincent Bolloré

Evoquons avec Amaury de Rochegonde, les ambitions africaines de Vincent Bolloré à Vivendi, dont il est le premier actionnaire, et sa prise de pouvoir dans la filiale de ce groupe, Canal+. 

Ce sera le 26 septembre à Conakry, en Guinée, qu’aura lieu la grande fête emblématique de ce que veut faire Vincent Bolloré avec le nouveau Vivendi qu’il préside. 25 000 personnes sont attendues sur l’esplanade du palais du Peuple pour un concert géant avec les artistes Wizkid, Kiff No Beat ou Azaya. Toutes les entreprises du groupe Vivendi se sont mobilisées pour faire de ce concert contre l’Ebola une grande fête populaire. A savoir Canal+, bien sûr, dont la chaîne A+ retransmettra l’événement. L’Olympia ensuite, qui ne sera bientôt pas qu’une salle de spectacle parisienne mais aussi une grande salle africaine, sous le nom de Canal Olympia, dont on posera la première pierre dans une zone Bolloré à Conakry. Sans oublier Dailymotion, la plateforme vidéo rachetée par Vivendi, qui va créer une chaîne spécifique pour le concert. De leur côté, les chaînes françaises de Canal+, D8 et D17, qui vont se rebaptiser C8 et C17, se feront l’écho de cette fête africaine. Quant à Universal Music, l’autre grand actif de Vivendi, il fera venir sur scène ses artistes après avoir créé un label, produit le CD « stop Ebola » et ouvert un studio à Conakry ou un bureau à Abidjan.

Vincent Bolloré est ainsi très attaché à son développement africain. On sait qu’il est très impliqué dans les ports ou le réseau ferroviaire en Afrique de l’Ouest. Il lui restait à montrer que c’était aussi un grand capitaine d’influence dans les médias et le divertissement. L’opérateur satellitaire Eutelsat vient ainsi de signer avec Canal+ la reprise d’une vingtaine de chaînes sur la TNT payante africaine. En deux ans, le groupe Canal a doublé le nombre de ses souscriptions pour atteindre un million et demi d’abonnés. Mais aujourd’hui, ce développement se fait au prix d’une imbrication totale de Canal+ dans Vivendi. En témoigne l’éviction de tout l’état-major du groupe audiovisuel depuis le président Bertrand Meheut et le numéro deux Rodolphe Belmer jusqu’aux responsables du sport, du cinéma, de l’information ou de la publicité. Le plus souvent, ce sont des hommes de Bolloré Médias qui prennent les commandes. L’industriel est désormais au pouvoir et cela se voit : il veut un Grand journal et des émissions réalisés par des sociétés de production de Vivendi, des Guignols de l’info en gratuit sur Dailymotion et en payant sur Canal+. Mais il y a aussi ce qui ne se voit pas, comme ce documentaire sur le Crédit Mutuel, partenaire financier de Vivendi, dont Vincent Bolloré a refusé la diffusion sur Canal+. Ou ce reportage à charge sur l’OM, partenaire de diffusion de la chaîne, qui n’est plus visible sur le site MyCanal.

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