Les Chinois sont allés en Afrique pour acheter des matières premières et vendre leurs produits bon marché. Vue de Pékin, cette relation est satisfaisante: la Chine a certes investi sur le continent pour assurer la couverture de ses besoins, mais elle a pris soin de diversifier ses approvisionnements, elle n'est pas en situation de dépendance à l'égard d'un continent qui ne représente que 5% de son commerce extérieur.
Vu d'Afrique c'est une autre histoire. Le quart des exportations africaines sont destinées à la Chine. Certains pays africains sont devenus fortement sino dépendants, notamment en Afrique australe. 40% du pétrole angolais est expédié en Chine, 40% des exportations de la Zambie.
▪ Ces pays miniers pâtissent de la baisse sensible des achats chinois.
Ces achats ont diminué de moitié depuis le pic de 2013. Avec l'effondrement des cours c'est la double peine pour les gros pays exportateurs de minerais et d'or noir. En première ligne on retrouve l'Afrique du Sud, le pays qui a le plus bénéficié de la manne chinoise en volume d'investissement a vu son produit intérieur brut reculer au second trimestre. Le contre-choc a donc été plus rapide que ce qui était anticipé.
On a par ailleurs annoncé cette semaine la fermeture de mines de cuivre en République Démocratique du Congo et en Zambie, avec des effets immédiats sur l'emploi. Avec la baisse des échanges et de l'activité, un certain nombre d'Etat auront sans doute du mal à boucler leur budget cette année. Globalement la croissance de l'Afrique sub-saharienne pourrait être en 2015 de 3,3% seulement contre une moyenne supérieure à 5% au cours des dix dernières années.
▪ La Chine est-elle en train de laisser tomber l'Afrique?
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Afrique. La moitié de l'argent injecté sur place est chinois. Les grands projets d'infrastructures que les Chinois financent sont aussi des débouchés pour leurs entreprises, et du travail pour la population expatriée. La Chine n'a donc pas intérêt à se retirer du jour au lendemain. Mais les autorités chinoises seront sans doute à l'avenir plus vigilantes sur les montants des investissements et sur l'usage qui en est fait.
Certains gouvernants l'ont déjà compris. Au Zimbabwe l'inamovible Robert Mugabe a surpris à la fin août dans son discours sur l'état de la nation en se réjouissant de l'intérêt... des pays occidentaux pour l'économie de son pays, une déclaration étonnante de la part d'un chef d'Etat qui avait mis le cap à l'est toute ces dernières années.
Enfin à la faveur de ce coup de froid sur leurs échanges avec la Chine les pays africains seront amenés à revoir leur modèle de développement. Ils ont intérêt à diversifier leurs partenariats, ce que la plupart avaient déjà compris, mais aussi à diversifier leur économie, sortir du tout matière première. Pourquoi pas prendre le relais de la Chine qui ne veut plus être l'atelier du monde? L'idée est séduisante, mais pour la réaliser, il faudra encore beaucoup d'investissements dans les routes, les moyens de transport, les communications, et les écoles, pour y parvenir.