Depuis le lundi noir qui a vu la Bourse de Shanghaï perdre 20 % en un jour au mois d’août, les responsables politiques enchaînent les déclarations contradictoires sur les effets de cette tempête boursière sur l'économie de leur propre pays. En réalité, aujourd'hui, tous les pays ou presque exportent quelque chose en Chine. Tout le monde souffre ou va souffrir plus ou moins du ralentissement de l'économie chinoise. Car ce ralentissement est bien installé cette année.
La publication de l'indice PMI qui mesure l'humeur des patrons a donné ce mardi 2 septembre de nouvelles sueurs froides aux marchés, de Shanghaï à Wall Street.
Il est passé en dessous du seuil des 50 en Chine, ce qui signifie que les entrepreneurs chinois sont pessimistes sur le carnet de commandes et sur leurs investissements. Si on regarde derrière nous, ce n'est pas très rassurant non plus, au cours des 6 premiers mois de 2015 les importations chinoises ont reculé de 17 % par rapport à l'année précédente, et les exportations ont également lourdement chuté en début d'année en raison de l'atonie de la demande globale.
La deuxième puissance économique mondiale est en train de caler ?
C'est ce que laisse entendre l'évolution de la balance commerciale. L'atelier du monde tourne au ralenti. Les centaines de milliers de pelleteuses flambant neuves entreposées dans des hangars faute de clients racontent un autre aspect de l'histoire : la stagnation des investissements. La construction tous azimuts d'infrastructures a porté le décollage phénoménal de la Chine, mais cette phase du développement chinois est maintenant achevée. La demande interne devait prendre le relais pour alimenter la croissance. On en parle depuis deux ans.
Cette demande elle existe, en témoigne l'engouement pour les smartphones, les voitures ou les produits de luxe, ou le commerce en ligne. Mais elle n'est pas assez forte pour porter les 7 % de croissance espérée cette année par Pékin. La consommation fournira en gros 4 points de croissance, les exportations entre 0 et 0,5 % seulement, le reste devra être fourni par l'investissement pour tenir l'objectif fixé en début d'année. Le virage vers la consommation ne sera pas forcément suffisant pour entraîner les partenaires commerciaux de la Chine dans son sillage.
Pékin a annoncé de nouvelles mesures pour soutenir l'investissement
Cette recette a fonctionné après la crise de 2008, et le monde entier en a profité. Mais persévérer dans cette voie paraît aujourd'hui repousser le problème plutôt que le résoudre. Comment rembourser les emprunts contractés pour les usines ou les logements construits s'ils se révèlent inutiles et donc invendables ? En attestent déjà les logements, les villes désertes.
La dette des entreprises chinoises est colossale. Soit les entreprises font faillite, et c'est un lot de troubles sociaux en perspective, et un mouvement défavorable à la consommation, soit l'État efface l'ardoise, avec ses réserves, il en a les moyens. Mais il doit surtout préciser sa ligne économique et le faire savoir. C'est ce que demande le Japon à l'occasion du G20 Finance qui se déroule en fin de semaine à Ankara en Turquie.
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La justice américaine vient de leur donner son feu vert. L'enjeu est vital pour Uber : s'ils obtiennent gain de cause, il lui faudra fournir une couverture sociale aux chauffeurs. Le modèle de la start-up serait sérieusement ébranlé. Elle se déclare comme une simple application d'intermédiation. Sa valeur boursière virtuelle estimée à 50 milliards de dollars serait à revoir à la baisse.