Les Indiens et les Chinois font leurs soldes en Afrique, pour remplir au meilleur prix leurs cuves de pétrole. Le mois dernier, ce n'est pas du pétrole saoudien qu'ont d'abord acheté l'Inde et la Chine, mais du pétrole angolais et du pétrole nigérian !
C'est l'arroseur arrosé. L'Arabie saoudite, privée peu à peu des Etats-Unis comme gros client, a voulu conserver les acheteurs qui lui restaient, en particulier les clients asiatiques, en maintenant des prix bas. Mais cette guerre des prix s'est retournée contre elle. Aujourd'hui, ses concurrents lui taillent des croupières en proposant des conditions encore plus avantageuses.
Au point que l'Arabie saoudite a perdu le mois dernier son statut de premier fournisseur de pétrole à la Chine et à l'Inde, les deux premiers importateurs au monde aujourd'hui. C'est la Russie et l'Angola qui ont détrôné l'Arabie saoudite en Chine. La Chine, qui payait autrefois une prime pour être sûre d'obtenir du pétrole, obtient aujourd'hui de belles ristournes de ses clients russes et africains, en échange de prêts avantageux.
L'Inde elle aussi fait ses emplettes, elle renonce à une partie de ses contrats à long terme avec les pays du Moyen-Orient, pour acheter au jour le jour des cargaisons de pétrole, et là encore le pétrole africain tire son épingle du jeu. C'est le Nigeria, pas l'Arabie saoudite, qui a vendu le plus de pétrole à l'Inde le mois dernier.
Les raffineurs indiens ont d'autant plus intérêt à acquérir du pétrole africain bradé qu'il est plus léger que son concurrent saoudien. On estime que l'Afrique pourrait en moyenne fournir un quart des besoins de l'Inde en pétrole cette année.
La chronique des matières premières s’interrompt pour l’été. Prochaine diffusion lundi 31 août.