Quand on parle Colombie, le fumet d'un bon café arabica et peut-être celui d'un nuage de poudre de cocaïne nous viennent à l'esprit. Ces deux produits locaux ont longtemps fait la réputation, bonne et mauvaise, de la Colombie, mais pas tellement sa richesse.
En dix ans, c’est le pétrole et le charbon qui ont fait de ce pays déchiré par la guerre civile et vérolé par le trafic de drogue, la troisième puissance économique d'Amérique latine, derrière le Brésil et l'Argentine. Bogota sort chaque jour un million de barils de brut de son sous-sol et c'est l'un des majeurs exportateurs de houille.
Grâce à cette manne, la Colombie connaît depuis le début du millénaire une croissance prodigieuse qu'elle a employée à faire reculer la pauvreté. Seulement voilà, quand le cours du baril flanche, tout le tissu économique s'en ressent. La croissance cette année pourrait retomber à 2 %, au lieu des 4 % minimum enregistrés depuis 2002.
La Colombie, trop dépendante des marchés extérieurs ?
Ce pays, ouvert sur l'Atlantique et le Pacifique, est effectivement très sensible à tout ce qui se passe chez ses voisins du nord et du sud. Les importations du Venezuela par exemple, qui ont longtemps dopé son industrie et son agriculture, ont chuté à cause de la crise économico-politique. C’est un mauvais coup pour la Colombie. Idem pour les importations de pétrole des Etats-Unis qui ont aussi reculé, à cause de l'envolée du schiste.
Aujourd'hui, Bogota redoute les décisions de la Banque centrale des Etats-Unis. Quand la Réserve fédérale relèvera son taux d'intérêt, ce qui est attendu en septembre, sa monnaie, le peso, va souffrir face au dollar. C'est encore une fois la surexposition à ses principaux partenaires américains qui fragilise la Colombie.
Quelle carte la France espère-t-elle jouer dans ce contexte ?
Paris caresse le rêve de vendre des armes à la Colombie, mais ce n'est pas gagné, car ce marché est de longue date la chasse gardée des Américains. Manuel Valls, espagnol de naissance, trouvera-t-il les mots pour séduire les militaires colombiens ? Il va surtout en Colombie pour promouvoir les échanges et les investissements. Les échanges entre Paris et Bogota ont triplé en dix ans. En revanche, les investissements français peinent à décoller. Les Français sont surtout actifs dans l'agroalimentaire. Grâce à la présence de l'enseigne Casino, la France est le premier employeur étranger sur le sol colombien.
Et puis dans sa valise, Manuel Valls apporte un accord de prêt climat de l'Agence française de développement. Son montant : 275 millions d'euros. Une manière courtoise d'encourager Bogota à décarboner son économie. Et de sonder ses dirigeants sur la COP21. Etant donné son poids économique et profil énergétique, ce pays pourrait influencer d'autres pays de la région dans le cadre de la conférence climat, prévue à la fin de l’année à Paris.
EN BREF DANS L’ECONOMIE :
Adidas, le numéro deux mondial des vêtements de sport, relocalise une partie de la production de ses chaussures en Europe
C'est un retour très remarqué, car le groupe allemand revoit de fond en comble sa stratégie. Il construit en ce moment en Bavière une usine entièrement automatisée qui démarrera l'année prochaine. Ce mouvement de relocalisation, avec des robots, doit permettre à Adidas de se rapprocher de ses clients et de mieux coller à leur demande.