Les opérations de pompage ont été arrêtées sur les deux principaux champs pétroliers colombiens, Rubiales et Quifa. Malgré le déploiement des forces de police anti-émeute, les salariés qui réclamaient de meilleures conditions de travail et des retombées plus importantes pour leur communauté, ont mis à sac une partie des installations. C'est un peu la rançon du succès pour l'industrie pétrolière colombienne. Après des années de déclin, elle est en pleine croissance. En quatre ans, la production de pétrole a doublé. Elle devrait dépasser le million de barils par jour d'ici la fin de l'année, c'est un huitième de la production saoudienne !
La géologie colombienne est semblable à celle du géant pétrolier vénézuélien mais l'exploration avait cessé du fait de l'insécurité créée par la guérilla des FARC. Les attentats contre les oléoducs se comptaient alors par centaines. Depuis que la situation sécuritaire est meilleure, les investisseurs sont de retour, d'autant que Bogota a fortement réduit la fiscalité. L'exploration a donc repris tous azimuts et pas seulement dans les contreforts des Andes ou dans la jungle de l'Amazonie orientale, mais aussi dans la région du Plateau, qui a révélé un potentiel extraordinaire, puisque les deux gisements visés par les manifestations fournissent déjà le quart de la production nationale de brut.
La compagnie nationale Ecopetrol détient la majorité des parts, mais l'opérateur Pacific Rubiales est une entreprise canadienne. Plus de 160 compagnies étrangères sont aujourd'hui présentes dans l'exploration ou la production d'hydrocarbures en Colombie - dont des majors, les Américains Occidental Petroleum et Chevron et le Français Total présent depuis les années 60 dans le domaine du gaz.
La Colombie est ainsi devenue le 3e exportateur de pétrole d'Amérique latine, derrière le Venezuela et le Brésil. Avec le Brésil, la Colombie fournit désormais aux Etats-Unis plus de pétrole que le Koweït ! Le centre de gravité de la production pétrolière longtemps situé au Moyen-Orient, revient comme avant la Deuxième Guerre mondiale vers les Amériques. Une tendance qui s'accentuera avec l'entrée en production des immenses gisements pré-sels dans l'offshore profond brésilien.