La campagne électorale a réellement commencé au lendemain du premier tour. Car avant le 10 mai, les sondages pronostiquaient une large victoire du président sortant Bronislaw Komorowski. Or c'est le contraire qui s'est passé. Au premier tour, le candidat de la droite conservatrice Andrzej Duda a obtenu près de 35% des voix, un point de plus que Bronislaw Komorowski, un libéral de centre-droit. Ce dernier a donc mis le pied à l'étriller et se bat pour les voix du 3e homme, Pawel Kukiz, un rockeur novice en politique qui a récolté 20% des voix.
Komorowski promet notamment la retraite après 40 ans de travail et un référendum sur l'introduction du vote uninominal au lieu de la proportionnelle pour les élections législatives. Komorowski et Duda se sont affrontés deux fois cette semaine lors de débats télévisés. Les observateurs estiment que le président sortant a refait son retard mais le second tour s'annonce très serré.
L’Europe au cœur du débat
L’un des enjeux de cette élection est principalement la position de la Pologne sur la scène européenne. Komorowski est un européen convaincu, un homme de compromis. Il veut notamment que la Pologne passe à l'euro. Andrzej Duda, lui, est contre et sans aller jusqu'à dire qu'il est eurosceptique, il veut faire passer les intérêts de la Pologne avant ceux de l'UE. Il est l'héritier idéologique des frères Kaczynski, ces deux frères jumeaux qui dirigeaient la Pologne en 2007. L'un était président, l'autre Premier ministre et ils utilisaient souvent le veto pour bloquer les réformes de l'UE.
Par ailleurs, Andrzej Duda a des positions très conservatrices qui plaisent à l'Eglise catholique polonaise. Il est contre l'avortement, contre la reconnaissance des couples homosexuels. Concernant la fécondation in vitro, il est même favorable à l'emprisonnement des médecins qui la pratiquent, ce que Bronislaw Komorowski qualifie d'idéologie du Moyen-Age.
L’ombre de la Russie
L’attitude de la Russie dans l’est de l’Ukraine est également un des thèmes de cette élection. Un thème sur lequel les deux candidats sont en partie d’accord, dans la mesure où ils dénoncent tout deux, bien évidemment, la politique de Moscou.
Andrzej Duda insiste sur le fait que les bases permanentes de l'Otan installées en Allemagne devraient être déplacées en Pologne. Bronislaw Komorowski lui répond que les exercices de l'Otan se multiplient sur le sol polonais. Là où il y a débat, c'est sur la modernisation de l'armée polonaise et sur la commande de 50 hélicoptères Caracal d'Airbus qui devrait être prochainement finalisée.
Trois sociétés avaient répondu à l'appel d'offres, dont deux possédant déjà des usines d'assemblage en Pologne. C'est toutefois la troisième, l'offre française, qui a été retenue. Bien qu'Airbus affirme qu'il ouvrira une usine en Pologne, le candidat conservateur Andrzej Duda estime que cette décision va ruiner beaucoup d'emplois dans le pays. Avant le débat d'hier soir, un sondage donnait Duda vainqueur du second tour avec 48% contre 44 à Komorowski mais nous ne sommes pas à l'abri d'un nouveau retournement de situation.