Le jour de la reprise des négociations à Vienne, à Téhéran, le constructeur automobile Saipa inaugurait en grande pompe la production d'une nouvelle génération de camions diesel Volvo. La chaîne d'assemblage du Suédois était interrompue depuis quatre ans à cause des sanctions. Le grand patron du constructeur automobile iranien a profité de l'occasion pour afficher son ambition : devenir une plate-forme pour toute la région, avec le support de sociétés européennes. Les discussions, a-t-il précisé, sont déjà bien avancées avec Volvo bien sûr, mais aussi avec Mercedes Benz, Renault et PSA Peugeot Citroën. La marque au lion, qui a vendu jusqu'à 400 000 véhicules par an en Iran espère revenir en force, mais elle devra sans doute donner des gages solides de sa détermination. Les Iraniens veulent lui faire payer son retrait, ils aimeraient aussi passer du statut d'assembleur de voiture à celui de constructeur. Outre la coopération avec Saipa, Peugeot est en train de discuter joint venture, co-entreprise avec Khodro, le numéro un de l'automobile en Iran. Un changement de braquet qui dépend, bien sûr, de l'issue des négociations sur le nucléaire.
Les Iraniens souhaitent qu’elles aboutissent vite et surtout qu'elles s'accompagnent de mesures immédiates de levée des sanctions
Pour vendre en interne l'accord sur le nucléaire, les Iraniens ont absolument besoin de résultats concrets sur le plan économique. Vu le délabrement d'un certain nombre d'infrastructures, faute de maintenance, les entreprises sont de plus en plus pressées de revenir vers leurs fournisseurs occidentaux. Certaines d'ailleurs font déjà fi des sanctions. Neuf avions ont été livrés le week-end dernier à la deuxième compagnie aérienne iranienne, Mahan Air. Plusieurs de ces avions ont été construits il y a moins de sept ans, ils sont donc soumis au régime des sanctions. L'opération a été rondement menée, les Iraniens ont fait affaire avec une société irakienne qui officiellement ne trouvait pas preneur à domicile.
En communiquant sur ce contrat, Mahan Air démontre que la menace du bâton américain est de moins en moins opérante
Les autorités iraniennes de leur côté cherchent à démontrer qu'elles se préparent activement à entamer une nouvelle ère. Dans un entretien donné ce vendredi au Financial Times, le gouverneur de la Banque centrale décrit une République islamique en ordre de marche pour attirer les investisseurs étrangers. L'inflation a été ramenée de 40 à 15%, la volatilité du rial maîtrisée. L'assainissement des banques est en cours. 20% des créances détenues seraient douteuses. Certains établissements protégés par leurs connexions avec les Gardiens de la Révolution ou des centres religieux se sont affranchis des règles de bonne gouvernance. Le plus dur sera de les ramener à des pratiques plus orthodoxes. Cette année, l'Iran table sur une croissance de 3%. La levée des sanctions apportera un nouvel élan, mais d'après le gouverneur de la Banque centrale, les premiers effets positifs ne se feront pas sentir avant le printemps 2016.
EN BREF
La compagnie des Emirats arabes unis, Etihad Airways dénonce les aides publiques dont ont bénéficié ses concurrentes américaines
D'après ses calculs, les compagnies américaines ont reçu 70 milliards de dollars sous forme d'aides diverses depuis 2000, entre autre en cas de faillites. C'est un peu la réponse du berger à la bergère, car Etihad Airways tout comme Emirates et Qatar Airways sont accusées d'avoir bénéficié de 40 milliards de dollars de subventions de leur gouvernement respectif.