L’Inde et la Chine vers un rapprochement économique?

Narendra Modi est arrivé en Chine pour une visite officielle de trois jours. Malgré les tensions aux frontières entre les deux pays, le Premier ministre indien vient à Pékin dans l'espoir d'accroître la coopération économique avec son voisin du Nord.

Narendra Modi a été élu il y a un an pour réveiller l'économie de son pays, et si l'on en croit les dernières prévisions du FMI, ça marche plutôt bien. Contre toute attente, l'éléphant indien devrait connaître en 2015 une croissance supérieure à celle du dragon chinois. +7,5 % pour New Delhi, +7,4 % pour Pékin. La comparaison est flatteuse pour l'Inde et lui fait caresser le rêve de rattraper la Chine. Les deux pays étaient comparables en termes de PIB il y a 25 ans, mais la Chine a largement pris la tête du classement, elle aspire même à la première marche du podium mondial.

Quand on regarde en arrière, il n'y a pas photo, la Chine fait la course largement en tête grâce à une croissance à deux chiffres pendant trente ans. Une longue marche qui a fait d'elle l'atelier du monde. Sa puissance est assise sur une capacité industrielle colossale, et des réserves financières pléthoriques accumulées grâce à ses exportations à travers le monde entier. La balance des échanges penche nettement du côté de Pékin avec des exportations vers son voisin indien d'un montant de 51 milliards de dollars, quand elle importe des produits pour 15 milliards de dollars seulement.

New Delhi souhaite rééquilibrer les échanges en développant son industrie et ses infrastructures

Ce sont les deux grandes faiblesses du développement de l'Inde qui a privilégié les services. Faute de réseau de transport, l'industrie indienne est à la peine. Il faut aujourd'hui deux semaines pour acheminer par la mer des marchandises entre New Delhi et Mumbai. La ligne de chemin de fer prévue entre les deux villes devrait ramener la durée du voyage à 14 h en 2018, si tout va bien, promettent les Indiens. L'essor de l'industrie est aussi un enjeu crucial pour créer des emplois. Mais pour cela il faut des capitaux. L'Inde n'a donc pas hésité bien longtemps avant d'adhérer à la Banque asiatique d'investissement, lancée par Pékin.

En espérant trouver auprès de ce nouvel acteur du financement les moyens que lui refuse la Banque mondiale. Depuis deux ans, l'institution basée à Washington a mis en veilleuse les prêts destinés à la construction des centrales électriques au charbon, au désespoir de l'Inde qui dispose d'importantes réserves de houille. L'Inde accueille aussi à bras ouverts les capitaux, et les entrepreneurs chinois ! « L'avenir des sociétés chinoises est en Inde » proclame à qui veut l'entendre Amitabh Kant, chargé de promouvoir l'industrie.

Un message plutôt bien reçu par les industriels chinois

Chez eux, l'économie ralentit, il leur faut donc trouver de nouveaux débouchés. Un exemple sur un segment où les Chinois ont pour le moment surtout tiré parti de leur marché intérieur, celui des téléphones portables. Le marché est arrivé à saturation en Chine. L'Inde, parce que la demande est encore en plein boum, mais aussi parce que les attentes des acheteurs correspondent en termes de pouvoir d'achat à l'offre chinoise, apparaît comme une alternative de premier choix pour les nombreux constructeurs chinois.

Plusieurs d'entre eux y sont déjà présents avec une politique commerciale très agressive. En raison des barrières douanières dressées par New Delhi pour défendre le make in India, certains pensent déjà local. Ils prévoient de monter en Inde des centres de recherche et développement, et des usines.

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