Si David Cameron l'emporte, il a déjà annoncé la couleur, il y aura un référendum sur la sortie de l'Union européenne avant 2017. Et dans un royaume de plus en plus hostile à l'immigration, notamment en provenance d'Europe de l'Est, le oui a toutes les chances de l'emporter. Voilà l'hypothèse qui épouvante les milieux économiques, globalement hostiles à une sortie de l'Union. Par crainte de se priver d'un marché grand ouvert à leurs portes.
Ce qui les angoisse également c'est ce qui va se passer dans l'immédiat si David Cameron se maintient. La perspective du référendum va décourager les investisseurs pendant les deux ans qui viennent. Difficile de faire un projet, de construire une usine dans un pays dont l'avenir pourrait être totalement transformé à brève échéance. En cas de victoire des conservateurs, la fabuleuse croissance qu'a connue le royaume en 2014, + 2,8 %, pourrait bien retomber comme un soufflé faute d'argent frais dans les tuyaux.
En cas de victoire du Labour, la grande peur d'une sortie de l'union en revanche disparait
Ed Miliband a clairement indiqué qu'il n'organiserait pas de référendum sur le sujet. Mais les travaillistes au pouvoir, cela signifie sans doute plus de régulations pour les banques, une taxe sur les bonus de La City, un encadrement du marché immobilier avec un impôt pour les propriétés valant plus de 2 millions de livres, un encadrement du prix de l'électricité et du gaz. Bref une ligne politique qui là encore rebute les investisseurs. On voit donc que ni l'un ni l'autre des prétendants ne parvient à convaincre du bien-fondé de son programme économique. D'ailleurs l'économie est en mode pause depuis le début de l'année. À la surprise générale, la croissance a été quasiment nulle au premier trimestre, + 0,33 % selon les premières estimations.
Le miracle britannique est donc fragile ?
Il y a des emplois à foison, il y a de l'activité, mais la reprise repose sur des bases bancales. La balance commerciale est toujours fortement déficitaire. Et l'assainissement des comptes publics n'est pas terminé, le déficit représente encore 5 % du produit intérieur brut du pays. Poursuivre dans l'austérité comme s'y sont engagés David Cameron et Ed Miliband comporte un risque récessif.
Le gouvernement de David Cameron a cherché à rééquilibrer l'économie en privilégiant l'essor de l'industrie au service des exportations. Mais cela n'a pas vraiment marché comme prévu. Les principaux moteurs de la croissance et de la création d'emplois ont été les services et la consommation des ménages. Et les entreprises qui avaient à leur disposition une main d'oeuvre corvéable à merci ont préféré embaucher à des bas salaires en oubliant d'améliorer leur performance. Du coup la productivité reste très faible, bien inférieure à celle des concurrents. La stratégie britannique du retour à l'emploi a été payante à court terme, au risque de pénaliser durablement l'économie.
♦ En bref dans l'actualité économique :
La Société Générale enregistre un excellent résultat au premier trimestre et pourtant son action a chuté ce matin à la bourse de Paris
Un bénéfice net de 868 millions c'est cinq fois mieux que le premier trimestre 2014. Mais la banque française est toujours déficitaire sur ses activités en Russie, d'où la méfiance de la bourse.