Reprise des négociations entre la Grèce et ses créanciers

Les négociations entre la Grèce et ses créanciers reprennent ce lundi après l'échec de la réunion de l'Eurogroupe vendredi dernier à Riga en Lettonie. Le temps presse, car les caisses de l'État grec sonnent creux et le programme européen d'aide expire fin juin. 

Après le coup de semonce des partenaires européens de la Grèce à l'issue de la réunion de l'Eurogroupe de Riga, Athènes ne va plus pouvoir tergiverser très longtemps. En langage très diplomatique, l'Eurogroupe a manifesté de « l'inquiétude » sur les progrès limités des discussions. Cela fait deux mois que, de réunion en réunion, avec le groupe de Bruxelles (l'ancienne Troïka dont les Grecs ne veulent plus entendre prononcer le nom), le gouvernement grec affirme qu'il veut conclure un accord avec ses créanciers, mais refuse à mettre noir sur blanc le programme de réformes complet et détaillé qui lui est demandé. Un peu comme à l'opéra quand le chanteur clame « marchons, marchons ! » tout en restant sur place. Mais à Riga les ministres des Finances de la zone euro ont fermement répété que sans accord sur les réformes à mettre en place, pas de versement de la tranche de 7 milliards d'euros d'aide financière dont la Grèce a pourtant le plus urgent besoin.

Un pays qui n'a plus accès aux marchés pour se financer

Les financements de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI sont les seuls sur lesquels la Grèce puisse compter... Dans sa situation, la Grèce n'a plus accès aux marchés pour se financer et ses tentatives de desserrer l'étau n'ont pas abouti. Athènes a tenté un rapprochement avec la Russie, une manière de faire pression sur les Européens dans un contexte diplomatique tendu entre l'Europe et la Russie à propos de l'Ukraine.

Un ministre grec a même annoncé la signature imminente d'un accord entre Athènes et Moscou sur le passage en Grèce d'un gazoduc pour lequel la Russie accorderait par avance une forte somme à la Grèce. La Russie a démenti, les deux pays n'en sont encore qu'au stade des discussions.

Faire des efforts ou sortir de la zone euro

La Grèce n'a donc plus le choix qu'entre faire des efforts pour obtenir un accord et sortir de la zone euro. La deuxième hypothèse, celle du « grexit », est encore difficilement envisageable. Le ministre de l'Intérieur grec a évoqué, si le besoin s'en faisait sentir, de provoquer de nouvelles élections pour que le peuple grec se prononce sur la politique du gouvernement Tsipras. Le résultat ne fait guère de doute : selon un dernier sondage, plus de sept Grecs sur dix souhaitent la conclusion d'un accord avec les créanciers et ils sont tout autant à se prononcer en faveur de l'euro. Quant au commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, il affirme qu’il ne peut pas ne pas y avoir d'accord.

C’est donc probablement le dernier round de négociations qui s'ouvre, aujourd’hui lundi par une visioconférence, et se poursuivra mercredi à Bruxelles. Il n'est plus temps pour Yanis Varoufakis le ministre grec des Finances de fanfaronner : dimanche il envoyait sur son compte Twitter une citation du président américain Roosevelt en 1936 qui disait « ils sont unanimes dans leur haine contre moi. Et leur haine me réjouit ». Plus sérieusement la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre Alexis Tsipras se sont téléphoné dimanche soir et ils sont convenus de rester en contact pendant toute la durée des négociations. Une manière d'éviter un nouvel enlisement des discussions en gardant une ligne directe avec le gouvernement allemand, chef de file des pays les plus rigoureux à l'égard des engagements que la Grèce va être tenue de prendre… et de respecter.

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