L'insolente croissance du luxe

Le monde du luxe connaît une croissance à deux chiffres malgré la crise.

Une croissance insolente, il suffit de regarder les résultats du groupe Hermès qui a annoncé, mercredi 25 mars, un bénéfice net, record, pour 2014, de 859 millions d'euros. Une hausse de 9% par rapport à l'année précédente, juste quelques chiffres qui se passent de commentaires. La rentabilité du groupe a atteint 31,5% des ventes... En février, Hermès a, pour la première fois, dépassé le cap des 4 milliards d'euros de vente sur un an, de quoi faire des envieux et de quoi également se réjouir, car la maison Hermès a créé près de 700 emplois cette année dont 400 en France.

Heureux aussi sont les actionnaires : ils vont recevoir un dividende exceptionnel de plus de 500 millions d'euros. Année après année, le groupe conforte sa position de leader de par sa rentabilité très au-dessus de la moyenne du secteur. Son directeur, Axel Dumas, prévoit 6 milliards d'euros de vente en 2020.

Le secteur du luxe reste très rentable

De loin, Hermès décroche la palme. Même si les autres groupes de luxe sont loin derrière, à l'instar de LVMH qui affiche une rentabilité de 19% contre les 31,5% d'Hermès, le secteur du luxe se porte bien. Pour preuve : la marge opérationnelle de cette industrie est supérieure à 20%. La marque la plus rentable serait le champagne Dom Pérignon, propriété du groupe LVMH, avec une rentabilité de 50%. De plus, le secteur bénéficie de la faiblesse de l'euro, ce qui lui donne un sérieux coup de pouce et dope les ventes des groupes qui produisent essentiellement en France et exportent dans le monde entier.

La bonne rentabilité du secteur s'explique aussi par le type de produits fabriqués. La petite maroquinerie reste l'activité la plus lucrative. Porte-clés, ceintures ou encore portefeuilles dégagent des marges exceptionnelles. A contrario, le prêt-à-porter ou la chaussure sont moins rentables. Seul le secteur de l'horlogerie accuse un fort ralentissement, voire pour certains un recul.

Le secteur du luxe doit sa bonne vitalité aux pays émergents

En Chine
, durant dix ans, la croissance du secteur avoisinait les 20% par an. Mais depuis deux ans, ce n'est plus vrai. La hausse du PIB chinois ralentit et les grandes marques subissent le coup de froid. Au ralentissement économique de la Chine est venue se greffer la crise politique de Hong Kong. Les émeutes ont fait fuir la clientèle chinoise qui venaient volontiers y faire ses achats, car les produits de luxe sont vendus 20% moins chers qu'à Pékin.

A défaut de se rendre en Europe, cette clientèle s'est tournée vers le Japon, qui n'a pas anticipé le mouvement et s'est trouvé dans l'incapacité de répondre à la demande. Les grandes marques ont dû s'adapter comme Chanel, par exemple, qui n'a pas hésité à franchir le Rubicon et à casser ses prix de 35%. Le prix à payer pour garder sa clientèle chinoise. Les grandes marques ont également levé le pied sur le nombre d'ouverture d'enseignes à l'étranger, parfois même en ont fermé, pour ne conserver que les plus prestigieuses.

Quant à la clientèle française, son rapport au luxe est tout autre

Si marques et logos sont objets de convoitise pour les riches Asiatiques, les Français les jugent trop ostentatoires voire vulgaires et lui préfèrent le chic discret du « fait sur mesure ». La perception du luxe est irrationnelle. Déjà, Jean-Jacques Rousseau écrivait à propos du luxe : « Il corrompt tout, et le riche qui en jouit, et le misérable qui le convoite ».

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