Le crash fragilise la stratégie low cost de Lufthansa

La catastrophe aérienne qui endeuille toute l'Europe est aussi un accident économique susceptible de remettre en cause la stratégie low cost de la maison mère Lufthansa.

En quelques années, les compagnies à bas coût ont absorbé la moitié du marché aérien en Europe. Pour résister, les anciens champions nationaux comme Air France ou Lufthansa ont tous développé en leur sein une activité low cost.

La compagnie allemande qui est encore numéro un en Europe en nombre de passagers transportés est talonnée par Ryan Air. La petite irlandaise pourrait même la dépasser d'ici quatre ans. Pour conserver son avantage, Lufthansa s'est donc lancée dans une véritable course contre la montre avec Germanwings. La filiale prévoyait de dégager ses premiers bénéfices cette année, mais le crash va sans doute compromettre ses résultats financiers.

Cette filiale devait changer de nom et d'échelle dès cet automne

Rebaptisée Eurowings, la filiale à bas coût devait augmenter sa flotte et surtout étoffer ses offres avec cinq nouveaux vols sur long courrier à destination entre autre de Punta Cana, Dubaï, Bangkok. Pour tenir ses promesses commerciales, un prix inférieur de 40 % à ceux pratiqués par la compagnie mère.

Lufthansa est par ailleurs en négociation avec les syndicats pour revoir les avantages sociaux des navigants. Elle veut notamment porter l'âge de départ à la retraite des pilotes de 55 à 60 ans. Une évolution très contestée. L'année dernière, une grève a paralysé le trafic et le conflit n'est toujours pas terminé, les syndicalistes ont toutefois suspendu leur mouvement en raison de la catastrophe.

Est-ce que le transport à bas coût garantit la même sécurité que le transport aérien assuré par les grandes compagnies ?

A priori oui. Pour le moment, les accidents sur les compagnies low cost sont rarissimes. Le dernier en Europe remonte à 2005. Est-ce que le fait que les avions et les équipages tournent beaucoup plus que dans le secteur conventionnel a une incidence sur la sécurité ? Ni les syndicats, ni les organes de contrôle n'ont fait de mise en garde sur cette question. Les formations suivies par les navigants sont identiques pour toutes les compagnies. Quant aux appareils, ils subissent tous les mêmes contrôles obligatoires.

Et Germanwings était plutôt bien notée en la matière. « L'avion était techniquement irréprochable » a déclaré ce matin Lufthansa. Même si l'enquête venait à exonérer la compagnie allemande de toutes responsabilités dans l'accident, le mal est fait en termes de réputation. Difficile de lancer une campagne promotionnelle pour les longs courriers après un pareil drame.


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