Injecter des euros par dizaines de milliards dans l'économie pour provoquer un électrochoc, pour réveiller la croissance, c'est spectaculaire, mais ça nous rappelle aussi des périodes sombres, beaucoup d'États se sont brûlé les ailes en faisant marcher la planche à billets, c'est pourquoi cette politique pas très orthodoxe a été longtemps écartée par les institutions monétaires internationales. Les États-Unis l'ont remis au goût du jour après la crise de 2008.
En calibrant, en contrôlant en permanence ses effets sur les marchés, ils ont plutôt bien réussi leur coup et aujourd'hui la Fed revient à des pratiques plus conventionnelles. Mais attention, ce dispositif n'est pas magique, c'est un outil parmi d'autres, Mario Draghi l'a dit hier, Christine Lagarde, la patronne du FMI, l'a répété ce matin : sans réformes structurelles des États, ça ne marchera pas. Il n'y aura pas de martingale monétaire. Des efforts concertés, conjoints menés à tous les étages de la maison Europe sont nécessaires pour sortir du marasme.
La première réaction des marchés est plutôt favorable
Mario Draghi a créé un choc psychologique positif en proposant une intervention bien supérieure à ce qui était attendu. Les bourses sont à la fête. Parce que 60 milliards d'euros chaque mois sur les marchés, par capillarité, cela va faire grimper les actions. Les spéculateurs vont en profiter c'est sûr, mais aussi les entreprises, n'oublions pas que la Bourse sert d'abord à les financer.
Et puis ce matin, on voit aussi que les taux des emprunts publics flanchent, voilà qui va alléger la charge de la dette qui pèse tant sur de nombreux États. Tout ça semble plutôt bien parti, mais restons prudents, car avec l'assouplissement quantitatif on navigue à vue. Même si le crédit est plus facile, les entreprises emprunteront seulement si elles ont confiance en l'avenir, si elles croient à la reprise.
Cela veut dire qu'on ne sait pas si ça va marcher ?
Exactement. Les banquiers centraux sont très puissants, mais ils doivent rester humbles aussi. L'issue d'une telle manoeuvre est totalement incertaine. Mais ça n'enlève rien à ses mérites. Le premier c'est d'exister, on ne pourra pas dire qu'on n'a pas tout essayé. Ensuite, il y a une retombée plus politique, peut-être lourde de conséquences dans la gouvernance économique de l'Europe.
Cette initiative prise à grande échelle malgré l'opposition de l'Allemagne consacre l'indépendance de la BCE. Son siège est à Francfort, mais son état d'esprit est d'abord européen. La Banque centrale européenne est aujourd'hui le seul organe transnational capable de s'affranchir de la tutelle de Berlin.
♦ En bref dans l'actualité économique :
Au Japon les fast foods n'ont plus la patate
Après McDo qui rationne ses portions de frites, c'est maintenant KFC qui renonce carrément à en servir, faute de pommes de terre. Les importations en provenance des États-Unis sont suspendues à cause du conflit des dockers qui s'éternise sur la Côte Ouest. Certains restaurants se font livrer par avion pour contourner la pénurie.
Un richissime chinois vient d'acquérir 200 hectares de vigne dans le Languedoc, un terroir du sud de la France
Voilà de quoi étancher la soif des Chinois qui sont aujourd'hui les premiers consommateurs de vin au monde. Le Château la Bastide a été cédé pour un montant inconnu à Min Yun, homme d'affaires et grand amateur de vin. Une telle vente est une première dans cette région, jusqu'à maintenant les Chinois s’intéressaient surtout au Bordelais.