A la Une: Charlie Hebdo, hommage africain unanime

A commencer par celui de la presse satirique. Témoin la Côte d’Ivoire, où L’Eléphant Déchaîné a truffé sa dernière parution d’une dizaine de cartouches « On est tous Charlie » et de pas moins de onze caricatures consacrées à Charlie Hebdo.

Le confrère admet que si les terroristes de mercredi à Paris ont tué 12 personnes y compris les journalistes et caricaturistes les plus emblématiques de « Charlie Hebdo », ils n’ont pas tué « l’esprit Charlie », ils n’ont « pas tué Charlie Hebdo ».

Très résolu, L’Eléphant Déchaîné le martèle : « Que ce soit en France, en Amérique ou en Afrique, jamais les terroristes ne triompheront de notre volonté, de notre détermination à accomplir notre métier avec la plus grande liberté ».

Et l’hebdomadaire abidjanais de lancer ce cri de guerre : « Nous sommes tous “Charlie” parce que “Charlie Hebdo” est un modèle pour nous […] parce que sans la liberté d’expression, le monde serait invivable », avant de conclure par ce cri du cœur : « Ils ont voulu tuer “Charlie Hebdo” ? Quel grand succès ! Ils l’ont rendu immortel… ».

Charlie Hebdo : appel à la croisade

Au Mali, la Maison de la presse, au nom de l’ensemble de la presse nationale malienne, condamne l’attentat de mercredi 7 janvier à Paris et qualifie les journalistes de Charlie Hebdo de « héros » qui méritent le « respect ».

Quand au journal L’Indépendant, il estime que les assassins de Charlie Hebdo sont des « ennemis d’Allah. En ce que, par leur geste ignoble, ils contribuent à défigurer et, par voie de conséquence, à rendre repoussante une religion fondée sur la tolérance, l’acceptation de l’autre, la force de la persuasion et non la persuasion par la force ».

Au Burkina-Faso, le journal Le Pays publie une page noire, tout simplement, « en mémoire des journalistes de Charlie hebdo assassinés ».

Le Pays qui refuse d’accepter que des gens, « parce qu’ils estiment que d’autres ont manqué de respect à ce en quoi ils croient, aillent les canarder sans autre forme de procès. Tout laxisme ou poltronnerie vis-à-vis des adeptes d’une telle pensée, sera de nature à sonner le glas de la liberté en tant que valeur démocratique », martèle le quotidien ouagalais. Car si on tolère de telles attitudes, les êtres humains seraient condamnés à « marcher au rythme de la musique que leur imposeraient ceux qui ont des armes et qui se réclament de telle ou telle idéologie, sous peine d’être purement et simplement trucidés », prévient Le Pays. Qui propose de lancer ce qu’il appelle une « croisade islamique » mondiale contre ces « fous d’Allah », et qui appelle les musulmans du monde entier à « s’organiser » de façon « méthodique », contre ces « petits esprits visiblement actionnés par Satan » qui « souillent sans vergogne l’image de l’islam de leurs mains tachées du sang d’innocents ».

Au Cameroun, Mutations en appelle à une « mobilisation collective » contre le terrorisme. Pour le quotidien de Yaoundé, pas de doute, le gouvernement, les partis politiques, la société civile, la presse, les partenaires au développement doivent « faire bloc » pour le dénoncer et le refouler.

Justement. Dans la guerre déclarée par le Cameroun contre Boko Haram, Mutations s’affirme résolu à « jouer sa partition ». Notamment en se refusant à servir de relais aux « stupides » thèses des terroristes et en soutenant, « avec lucidité et distanciation critique », le gouvernement, et particulièrement les forces engagées au front.

Charlie Hebdo : victimes collatérales

Les caricaturistes de Charlie Hebdo ne sont pas les seules victimes du terrorisme ces dernières heures. En Libye, souligne Guinée Conakry Info, un groupe terroriste ayant « prêté allégeance » à l’EI a annoncé avoir exécuté deux journalistes tunisiens qu’il détenait depuis septembre dernier.

Et les médias ne sont effectivement « pas les seules victimes », relève le site internet guinéen, car, à des milliers de kilomètres de « l’indignation et de la colère parisienne », Boko Haram vient de « raser » 16 localités relevant de l’Etat de Borno, dans le nord du Nigeria. A quoi il faut ajouter des victimes « moins évidentes mais tout aussi réelles », complète le confrère, qui cite le cas de Moussa Mara, qui vient de démissionner de la primature malienne et qui est, à son tour, « en partie » victime de « l’impossibilité » de restaurer la quiétude dans le septentrion malien, énonce Guinée Conakry Info, selon lequel l’intégrisme est à présent « déchaîné ».

Lecture que Le Républicain se garde de faire sienne. N’ayant pas de mots assez durs contre Moussa Mara, le quotidien malien fustige « celui qui se voulait brave, bien qu’ayant quitté Kidal sur la pointe des pieds, et qui a déclaré le Mali en guerre et engagé l’armée malienne en reconstruction dans une guerre aux issues incertaines le 21 mai. On connait le reste », soupire Le Républicain à Bamako.

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