La BCE bientôt convertie au rachat de dette?

La déflation est de plus en plus menaçante en Europe, la croissance anémique. La Banque centrale européenne va-t-elle passer à la vitesse supérieure et entamer un programme de relance monétaire à grande échelle ?

C'est la question très intéressée que se posent les marchés, car les investisseurs aimeraient profiter de l'aubaine. C'est aussi une injonction de plus en plus pressante de la part des économistes. Plus personne ne voit vraiment aujourd'hui comment sortir l'Europe de l'ornière.

Les facilités que la Banque centrale européenne a accordées aux banques pour faire rebondir le crédit n'ont pas été très efficaces jusqu'à maintenant. La BCE doit actionner un autre levier. Pourquoi pas racheter de la dette publique ? Une option jusqu'alors impensable.

Aux Etats-Unis, pendant six ans, la Réserve fédérale a injecté chaque mois 80 milliards de dollars sur les marchés. Cela s'appelle l'assouplissement monétaire. Une gymnastique financière consistant à racheter massivement de la dette pour fournir des liquidités aux marchés et donc aux entreprises. L'opération s'est arrêtée la semaine dernière, a priori avec succès. Les Etats-Unis sont aujourd'hui le seul pays au monde où la reprise est manifeste et solide.

La BCE a déjà pris des mesures similaires mais sans effet pour le moment

Effectivement, la Banque centrale européenne fait aussi de l'assouplissement monétaire à petite échelle. Depuis une semaine, elle rachète sur les marchés des obligations bancaires sécurisées, c'est-à-dire de la dette bancaire de très bonne qualité car garantie par des prêts au secteur public, par exemple. C'est son pas de côté le plus osé en direction de la relance monétaire. Mais c'est une opération forcément limitée en taille car le marché des obligations bancaires sécurisées est étroit.

Il faudrait pour être plus efficace racheter des emprunts d'Etat, un marché beaucoup plus large. Une idée, on le sait, insensée aux yeux des Allemands. Pour eux, racheter de la dette grecque ou italienne, c'est ouvrir une ligne de crédit à des Etats dépensiers. La BCE pourrait passer outre leur opposition car une majorité au Conseil des gouverneurs suffit pour entériner une telle décision.

Mais l'opération est si périlleuse sur le plan politique que Mario Draghi va sans doute y réfléchir longuement avant de s'engager dans cette voie. Attention, l'assouplissement monétaire n'est pas gagnant à tous les coups. Au Japon, par exemple, cela n'a pas suffi à ranimer la croissance.

La banque centrale du Japon a pourtant décidé la semaine dernière de nouvelles interventions massives

Car elle estime qu'elle n'en a pas fait assez. Le problème avec cet outil non conventionnel, c'est qu'on ne sait pas trop comment il marche. L'opération, dit-on, doit être massive pour être efficace. Mais quel est le bon dosage ?

Dans le cas de la zone euro, la BCE devrait injecter 1 500 milliards d'euros sur le marché, soit l'équivalent de 15% du produit intérieur brut de la zone euro, pour espérer avoir un impact sur l'économie, estime un analyste bancaire. Cela suffira-t-il à redonner du souffle aux entreprises ?

Rien n'est moins sûr, en Europe on se finance surtout via les banques et non sur les marchés. Si l'assouplissement monétaire est bien la dernière cartouche aux mains de la BCE, elle devra donc soigneusement calibrer son champ d'intervention pour ne pas rater sa cible.


EN BREF DANS L'ECONOMIE

Europe toujours, avec un phénomène étonnant, les entreprises relocalisent près de chez elles

Selon un sondage effectué auprès de 384 sociétés par PricewaterhouseCoopers, les deux tiers d'entre-elles ont rapatrié leurs activités au cours des 12 derniers mois. Les Italiens sont les plus concernés, suivis des Irlandais. La hausse des salaires dans les pays émergents est leur principale motivation.

Les inégalités homme-femmes sont aussi perceptibles dans les prix

A produit égal, déodorant, rasoir ou autre, les prix sont plus élevés quand ils sont destinées à la clientèle féminine. C'est un phénomène qui se retrouve dans le monde entier. Le magazine Forbes estime qu'une femme paie une prime annuelle de 1 100 euros. 

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