Une série de grèves remet en question le dialogue social à l'allemande

Le climat social se détériore en Allemagne. En témoignent les grèves à répétition dans le secteur des transports. Les syndicats, de plus en plus émiettés, ont du mal à parvenir à un consensus avec le patronat.

Ce week-end, les cheminots allemands étaient en grève. Ils ont été relayés ce lundi par les pilotes de la compagnie aérienne Lufthansa. En Allemagne, quand on débraie, cela veut dire que toutes les voies de la négociation ont été épuisées. Le mot d'ordre est donc en général très suivi. Conséquences de ces deux grèves enchainées : une grosse paralysie dans les transports. Ce week-end, le mouvement a perturbé les départs en vacances de la Toussaint, les déplacements des 100 000 supporters qui suivent leur équipe de foot pour les matches du championnat, et a pénalisé le fret.

Depuis ce lundi matin, plus de 1 400 vols ont été annulés. Le retentissement économique de cette grogne sociale est d'autant plus fort que l'activité allemande est très orientée vers l'exportation. Et c'est loin d'être terminé ; les cheminots, qui en sont à leur cinquième grève depuis septembre, n'ont toujours pas obtenu gain de cause. Idem pour les pilotes de la Lufthansa, qui en sont à leur huitième arrêt depuis le printemps.

Pourquoi syndicats et patronat n'arrivent-ils pas à trouver de compromis comme il est de coutume en Allemagne ?

Les conducteurs de train veulent gagner plus et travailler moins. Les pilotes souhaitent conserver un régime de retraite qui permet de partir à 55 ans, ce que la Lufthansa veut revoir. Les revendications sont a priori éloignées, mais les directions des deux entreprises concernées font le même reproche aux syndicats grévistes : ils sont bien trop corporatistes. Leurs revendications seraient même contraires à l'intérêt général.

Les salariés allemands sont-ils plus égoïstes depuis la crise ? Pas vraiment. Ce qui a surtout changé en Allemagne, c'est le mode de représentation. Depuis 2010, les syndicats catégoriels sont autorisés et ils sont de plus en plus nombreux. La clé de voûte du dialogue social - un syndicat pour une entreprise - a été brisée.

La ministre du Travail va devoir présenter un texte ingénieux

Le gouvernement veut y remédier ; un projet de loi sera présenté dans les prochains jours. Et il intrigue les experts en droit du travail. Car il semble difficile de remettre en cause le droit de se syndiquer garanti par la Constitution. La ministre du Travail devra donc déployer des trésors d'ingéniosité pour présenter un texte acceptable par tous.

Les syndicats, comme les élus sociaux-démocrates qui multiplient les réactions de défiance à l'égard de ce texte encore inconnu, en ont pourtant accepté le principe. C'était la contrepartie à l'instauration d'un salaire minimum. Un marché non dénué d'arrière-pensées ; les grosses centrales, de plus en plus concurrencées par ces nouveaux syndicats, sont sans doute les plus pressées de revenir à l'équilibre antérieur.



♦ En bref dans l'actualité économique :

En Russie, les représailles administratives contre les restaurants Mc Donalds s'intensifient

Deux cents restaurants, soit près de la moitié des Mc Donalds ouverts sur le sol russe, sont actuellement l'objet d'enquêtes zélées pour des motifs financiers ou sanitaires. Depuis cet été, au moins une dizaine d'échoppes ont été obligées de fermer. Cet activisme des autorités russes semble surtout motivé par les sanctions américaines.

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