C'était le calme plat dans les gares hier en Allemagne, rapporte notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux. Les passagers informés de la grève avaient le plus souvent opté pour d’autres moyens de transport en ce début de congés scolaires : bus grandes lignes et agences de location de voitures ont été pris d’assaut hier. Seuls 30% des trains circulaient sur le réseau.
GDL, le syndicat des conducteurs de locomotives à l'origine de la grève, réclame une augmentation des salaires de 5 % et une réduction de deux heures de leur semaine de travail, mais les négociations sont dans l'impasse. Les discussions achoppent notamment sur un préalable posé par la Deutsche Bahn : que GDL renonce à représenter les catégories de personnel autres que les conducteurs de train.
Une grève impopulaire
« Est-ce que je ressemble à quelqu'un qui a des accès de folie meurtrière? », lance Claus Weselsky. Le chef du GDL n'est jamais à court de formules provocatrices. Mais auprès de l'opinion publique elles ont du mal à passer. Les Allemands sont en général peu compréhensifs pour les mouvements sociaux qui affectent les usagers et la grève de la Deutsche Bahn est particulièrement impopulaire, les voyageurs acceptant mal que quelques centaines de conducteurs de trains paralysent le pays au premier jour des vacances scolaires, pour un conflit qui les dépasse et semble s’enliser.
« Est-ce qu'on devrait baisser les bras juste parce que la Deutsche Bahn ne veut pas faire de concessions ? se justifie Claus Weselsky. Est-ce qu'on devrait expliquer à nos adhérents : tant pis, il n'y aura pas d'augmentation de salaires, ni de baisse du temps de travail, parce qu'on a peur ? »
Rivalité GDL - EVG
La grande organisation syndicale concurrente, EVG ne croit pas une seconde à ces arguments. Pour elle, GDL - le syndicat des conducteurs de locomotives - cherche en fait à étendre son pouvoir sur les autres catégories professionnelles de la Deutsche Bahn. « Le GDL ne mène pas une grève mais une offensive pour trouver de nouveaux adhérents, explique Klaus-Dieter Hommel, son directeur adjoint. Et je pense que la situation va malheureusement encore dégénérer dans les jours à venir ».
De son côté, la direction de la Deutsche Bahn critique également une grève qui, selon elle, frôle « les limites de l'irrationalité ».