Les titres des articles, sans aucune photo ni chapeau ni résumé… C’est la solution qu’a trouvé le moteur de recherche en Allemagne pour diffuser sur Google News les contenus de 170 sites d’éditeurs de journaux, de 20 portails de télévision et de 59 sites de radios. Une pratique qui découle de la nouvelle loi dite Google, en vigueur depuis août, qui prévoit que seuls « de petits morceaux de textes » peuvent être utilisés gratuitement sur les moteurs de recherche.
En juin, VG Media, une coalition d’éditeurs de presse où l’on retrouve Axel Springer ou Burda avait déposé une requête pour non-respect de la propriété intellectuelle. Google y a répondu en déréférençant les éléments de compréhension des articles. On est bien loin de la rémunération attendue pour l’utilisation de contenus, comme le prévoyait cette loi. Est-ce que cela donne raison, a posteriori, aux éditeurs français qui avaient préféré négocier avec Google un fonds destiné à soutenir des projets de presse innovants ? Le fait est qu’ils n’ont pas imposé de taxe à Google et qu’ils ont du même coup échappé à une option qui était agité comme une menace : le déréférencement de leurs articles.
Mais il y a aussi un coût caché de cette politique de coopération. C’est que la France, qui a bénéficié sous Nicolas Sarkozy de l’installation d’un laboratoire de Google pompeusement appelé « centre culturel européen » est beaucoup moins regardante que l’Allemagne quand il s’agit de pointer les abus du moteur de recherche. Outre-Rhin, sur les données personnelles des utilisateurs mais aussi sur la fourniture des réponses qui pourraient favoriser ses services et donc constituer un abus de position dominante, les éditeurs allemands ont déposés des requêtes contre Google auprès de l’office anti-cartel ou de la Commission européenne. Certains groupes français comme Lagardère commencent à se joindre à ce lobby anti-Google incarné par l’Open internet project. Mais globalement, s’attaquer à Google revient à être technophobe et un anti-américain primaire.
Et pourtant, il faut rappeler qu’avec son siège fiscal en Irlande, le moteur de recherche ne paye que 7 millions d’euros d’impôts sur les sociétés dans l’Hexagone pour près de 2 milliards d’euros de recettes. A travers YouTube, il diffuse comme Netflix des contenus audiovisuels sans être soumis aux obligations légales des pays auxquels il se destine. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, estime qu’il faut une harmonisation fiscale européenne qui prenne en compte le lieu de destination des produits. C’est tout l’objet de la révision d’une directive européenne de 2010.