Accroître l’investissement pour relancer la croissance en Europe

Accroître l’investissement pour relancer la croissance en Europe. C’est le sujet qui sera au cœur de la réunion des ministres des Finances de la zone euro aujourd’hui à Milan. Une idée qui ne plaît pas, une fois de plus, à l’Allemagne.

En effet, l'idée d'injecter de nouvelles liquidités dans les économies européennes est accueillie avec méfiance par Berlin, qui ne lâche rien sur l’austérité. Les Allemands n’ont pas encore digéré la baisse des taux d’intérêt et l’annonce d’un vaste programme de rachat d'actifs par la Banque centrale européenne.

Et une fois de plus, le président de la BCE Mario Draghi a irrité Berlin. En marge de la réunion de Milan, il a exhorté les gouvernements de la zone euro à accroître l'investissement public pour relancer une croissance génératrice d’emploi. Un discours applaudi par tous les pays, et qui ne fait qu'accroître l'isolement de l’Allemagne critiqué pour son inflexibilité sur la rigueur budgétaire.

L'idée de Mario Draghi plaît, et dès ce matin, la Pologne a demandé à l'Europe 700 milliards d’euros d’investissements qui seront alimentés essentiellement par l'excès d'économies existant en Europe. C'est le double du montant proposé par la Commission européenne.

Une politique économique que rejette catégoriquement Berlin ?

Oui, car pour Berlin on ne doit pas créer des emplois et de la croissance avec l’argent public. L’Allemagne, qui est en équilibre sur le plan budgétaire, pourrait lancer des investissements qui seraient profitables aux autres pays européens, mais elle refuse. Berlin a fait de la réduction de la dette une priorité absolue. Et pour la pensée libérale allemande, la Banque centrale européenne, en injectant des liquidités sur le marché, mutualise ainsi l'argent allemand pour relancer l'économie des pays qui ne font pas assez de réformes structurelles et ne respectent pas les règles européennes en matière de déficit.

Justement, cette dérive des comptes publics français exaspère-t-elle au plus haut point les Allemands ?

En effet, Berlin a du mal à digérer la troisième demande de la France de reporter à 2017 son objectif de réduction du déficit public sous la limite européenne de 3% du PIB. L'Allemagne n’entend pas faire de concessions à la France, au risque de voir Paris sanctionnée par la Commission européenne. Le pacte budgétaire européen ratifié par la France en 2012 prévoit des sanctions financières pour tout pays de la zone euro en déficit excessif.

Pour Berlin, la France n’a pas engagé assez de réformes structurelles pour l'autoriser à enfreindre les règles budgétaires européennes. L’Allemagne attend notamment de Paris des réformes sur le marché du travail, sur la fiscalité, sur la concurrence, et surtout des baisses conséquentes de dépenses publiques. Des critiques qui valent pour l’Italie qui, elle aussi, souhaite davantage de flexibilité dans l’application des critères budgétaires.

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