La Russie et la Chine trouvent un compromis sur les prix du gaz

Le méga-contrat gazier entre la Chine et la Russie est enfin signé, après plus de dix ans de pourparlers.

La Russie et la Chine ont enfin trouvé un compromis sur les prix du gaz. A 350 dollars le m3, si l'on en croit Gazprom, le géant russe vendra son gaz aux Chinois moins cher qu'aux Européens - qui l'achètent à des prix plus proches des cours du pétrole. Les Russes ont donc fait un effort, pris de court il est vrai par le Turkménistan, qui vient de conclure un accord gazier avec la Chine. De leur côté, les Chinois ont aussi renoncé à obtenir le gaz russe au prix dérisoire d'abord du charbon, puis du gaz de schiste américain.

Moscou attendait depuis plus de dix ans cet accord pour moins dépendre de ses clients en Europe, où la consommation gazière stagne, alors qu'en Asie les besoins explosent. La Russie, absente du marché du gaz naturel liquéfié en Asie, sécurise donc pour trente ans la vente à la Chine non pas de 60 milliards de m3 de gaz, comme elle l'espérait, mais tout de même de 38 milliards de m3 par an, via un gazoduc à construire dans les quatre ans qui viennent. « L'accord est un événement commercial pour la Russie, mais aussi pour Gazprom, dont le monopole était peu à peu rogné par ses concurrents russes Rosneft et Novatek », souligne Catherine Locatelli, spécialiste de l'énergie dans la zone Asie. C'est aussi un accord très stratégique pour Moscou, en plein bras de fer avec les Occidentaux au sujet de l'Ukraine, alors que Washington se plaît à évoquer sa nouvelle arme gazière et que l'Union européenne dépend encore pour un tiers du gaz russe.

De là à ce que la Russie détourne son gaz de l'Ouest vers l'Est, on en est très loin : c'est la Sibérie orientale qui alimentera le gazoduc chinois, alors que c'est la Sibérie occidentale qui approvisionne l'Europe. L'Europe reste en outre le marché prioritaire de la Russie : elle absorbe 160 milliards de m3 de gaz russe par an, quatre fois plus que les quantités promises à la Chine.

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