La paralysie du port d'Abidjan vire au cauchemar pour beaucoup d'exportateurs, et en particulier de coton africain. L'un d'entre eux observe que depuis la semaine dernière, le port ivoirien ne prend plus de conteneurs, les boîtes géantes s'accumulent sur les aires d'appontage sans pouvoir être évacuées. Les nouvelles règles de déclaration douanière imposées il y a trois mois ont totalement congestionné le port d'Abidjan ; le principal opérateur, Bolloré, est également mis en cause.
Pendant ce temps la Côte d'Ivoire doit évacuer le plus gros de sa production de cajou, encore beaucoup de cacao et cette année, 250 000 tonnes de coton, un record de longue date. Les pays cotonniers voisins ont également produit beaucoup de fibre ; habituellement elle est évacuée par Abidjan, mais cette année pour éviter le bouchon, le Mali et le Burkina sont contraints de trouver une autre porte de sortie à leur coton : le port ivoirien de San Pedro, mais aussi et c'est nouveau, le port béninois de Cotonou, ou le port togolais de Lomé. Les camions qui ont choisi Abidjan sont bloqués par centaines autour du port, il faut nourrir les chauffeurs, tout un surcoût de logistique qui devra être pris en charge par les égreneurs et les chargeurs.
Pour les exportateurs, le principal risque, c'est que le coton africain bloqué à Abidjan arrive beaucoup plus tard que prévu en Asie et que les acheteurs refusent alors d'en prendre livraison. Car ce coton ouest-africain sera concurrencé par d'autres cotons commandés plus tard et qui seront moins chers, puisque les cours de la fibre ont tendance à baisser.