La Thaïlande veut se débarrasser.... de ses stocks de caoutchouc. Avec le riz, c'est l'autre fiasco économique du gouvernement, qui vient de voir tomber sa Première ministre, Yingluck Shinawatra, inquiétée par la justice pour sa gestion du programme de soutien aux riziculteurs.
Bangkok a acheté des tonnes de riz aux paysans, mais aussi des tonnes de caoutchouc. Pour la somme de 22 milliards de bahts, 680 millions de dollars, pratiquement toute la production des hévéas thaïlandais entre octobre 2012 et mai 2013. L'espoir était, comme pour le riz, de voir cette rétention doper les cours internationaux, la Thaïlande étant là aussi le premier exportateur mondial.
Pas de chance, à la fin du mois de janvier dernier, on apprenait que la Chine, premier importateur mondial, avait dans ses ports les stocks de caoutchouc les plus élevés depuis neuf ans. Avec des perspectives de croissance moindre pour la construction automobile chinoise et donc la demande en pneus, 60 % de l'usage du caoutchouc, les cours de cette matière première ont encore perdu un quart de leur valeur depuis le début de l'année. Le ralentissement de la production entre février et avril, l'hivernage pendant lequel on saigne moins les hévéas, n'a même pas redressé les cours. Ce n'est donc pas le moment de vendre les stocks publics thaïlandais, juste au moment où l'on recommence à saigner les hévéas dans toute l'Asie du sud-est.
Mais le gouvernement de Bangkok ne peut plus se permettre de perdre de l'argent en laissant 500 000 tonnes de caoutchouc s'abîmer. Il est prêt à brader ce caoutchouc à n'importe quel type d'acheteur, exportateur, négociant ou fabriquant de pneus. Les cultivateurs thaïlandais de caoutchouc sont très en colère, car ils craignent une chute plus grave encore des prix du nouveau caoutchouc qu'ils s'apprêtent à produire et ils menacent de manifester, ce qui n'arrangera pas la situation du pouvoir encore en place à Bangkok.