Il est temps de réagir estiment les principaux producteurs asiatiques de caoutchouc. Les cours du produit de l'hévéa ont plongé de 20 % depuis janvier. A moins d'un dollar le kilo, le caoutchouc est bien loin des 5 dollars atteints début 2011 ! Alors le Consortium international du caoutchouc (l'IRCo), qui rassemble la Thaïlande, l'Indonésie et la Malaisie appelle tous les pays producteurs à cesser d'accepter des baisses de prix. Ils estiment que l'amenuisement des stocks dans les pays de production suffira, dès lors qu'on entre dans la saison sèche où l'on saigne peu les hévéas.
Mais il n'est pas sûr que cette injonction ait un effet durable sur les prix, tant les stocks chez les pays importateurs de caoutchouc sont élevés. La construction automobile, et donc la fabrication de pneus, 40 % de la demande de caoutchouc, a chuté l'an dernier aux Etats-Unis, au Japon, en Inde, et dans une moindre mesure qu'en 2012 en Europe. Le Français Michelin, numéro deux mondial du pneu, vient d'ailleurs d'annoncer une chute des bénéfices de 28 %, malgré la baisse du prix de sa matière première déjà en 2013. Même si l'automobile repart cette année aux Etats-Unis, en Inde et, fait historique, en Europe, elle ralentit en Chine, un tiers du marché, les stocks de caoutchouc y sont au plus haut depuis 9 ans !
L'offre mondiale de caoutchouc est supérieure à la demande, avec l'arrivée à maturation des nombreux hévéas plantés avant la crise, de l'Asie à l'Afrique. Si la Thaïlande, l'Indonésie et la Malaisie sont prêtes à moins les saigner pour faire remonter les cours, il n'en est pas de même pour l'instant du Vietnam, qui s'est hissé au quatrième rang mondial. En attendant, en Inde, cinquième producteur au monde, l'Etat du Kerala a dû venir au secours des planteurs, en subventionnant le caoutchouc. En Côte d'Ivoire, sixième producteur mondial et premier africain, la chute des prix du caoutchouc remet en cause l'objectif de doubler les surfaces d'hévéas d'ici 2020.