Le marché irakien, un eldorado à haut risque

L'Irak renouvelle son Parlement ce mercredi. Un scrutin sous haute tension en raison des attentats qui endeuille régulièrement le pays. On déplore déjà des dizaines de morts dans des attentats suicide commis hier dans les bureaux où ont voté les membres des forces de l'ordre. Pourtant, malgré l'insécurité permanente, le pays est en pleine reconstruction. Et offre de nouvelles opportunités... risquées.

Après trente ans de conflit, il faut rebâtir ce qui a été détruit et fournir aux nouvelles générations logement, école, hôpitaux, eau courante et électricité qui manque toujours y compris dans la capitale. Sans parler des routes, des chemins de fer, indispensables pour donner à ce pays pétrolier les moyens d'exploiter au mieux la richesse de son sous-sol. C'est d'ailleurs grâce à ses pétrodollars que l'Irak peut débourser 600 milliards de dollars pour ces grands travaux. Les Irakiens ont l'argent, en revanche ils n'ont pas les moyens humains, les compétences technologiques pour réaliser ces équipements. Les voisins turcs l'ont bien compris, et ils sont très présents, tout comme les Coréens, qui décrochent régulièrement de beaux contrats. Les Français ne sont pas en reste.

Les grandes entreprises notamment sont à l'affût

Alstom, dont on parle tant en ce moment, a gagné récemment un contrat à 225 millions d'euros pour fournir des turbines à gaz. Le gros œuvre est souvent la chasse gardée des entrepreneurs du Moyen-Orient, souvent mieux-disant. En revanche, tout ce qui vient après est à la portée des entreprises françaises. Cela va de la fourniture de grue à la moquette en passant par des services de surveillance électronique. Il y a aussi des opportunités dans le secteur de l'eau, des réseaux électriques, de l'énergie où les grandes entreprises françaises ont un savoir-faire de renommée mondiale. Et l'Irak est demandeuse de qualité, les Chinois qui ont saccagé les adductions d'eau pendant les années 90 sont en phase de reconquête, car ils n'étaient plus les bienvenus, sauf dans le secteur pétrolier. Les États-Unis qui ont beaucoup misé sur l'Irak, sont aujourd'hui en retrait, échaudés par l'insécurité, les hommes d'affaires américains sont repliés dans le bunker de leur ambassade difficile d'accès pour le commun des Irakiens.

Un pays en proie à la violence

Il faut effectivement une bonne dose de courage pour explorer un pays aussi risqué. C'est pourquoi d'ailleurs la concurrence est relativement faible. En raison de l'insécurité, il est quasiment impossible de se déplacer librement dans le pays. Mais il faut surtout beaucoup d'argent. Un aller-retour sous protection entre l'aéroport et l'ambassade de France coûte déjà 3 000 dollars. Cette prospection coûteuse est aussi compliquée : pas évident d'avoir la bonne connexion dans un ministère, savoir quelle tribu, quel groupe confessionnel a son mot à dire, suivre un dossier dans les méandres de l'administration.

Les grands groupes comme Total ou Thales ont l'habitude et les moyens d'évoluer dans ces milieux difficiles. Mais pour le commun des entreprises, c'est mission impossible. A moins d'avoir un relais sur place, et c'est ce que propose depuis trois ans maintenant le centre français des affaires construit à côté de l'ambassade de France. Le centre conçu par l'agence Adit traque les appels d'offres, détecte les bonnes personnes pour faire avancer le dossier et propose un environnement entièrement sécurisé pour les chefs d'entreprise qui font le déplacement à Bagdad. Avec même un restaurant, des chambres à disposition des visiteurs français. Ça marche tellement bien qu'une antenne destinée aux PME est en cours de construction.

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