La Gauloise blonde ne sera plus fabriquée en France. Mais, depuis longtemps, le tabac français ne suffisait plus à la cigarette nationale, malgré la chute de la consommation. Les agriculteurs européens, découragés par la chute des subventions de Bruxelles, ont peu à peu délaissé cette culture qui demande plus d'heures de travail à l'hectare que le riz.
Aujourd'hui, le marché européen du tabac brut est totalement mondialisé : les quatre géants du tabac, dont le Britannique Imperial Tobacco qui fabrique aujourd'hui la Gauloise, s'approvisionnent auprès du Brésil, premier fournisseur mondial de tabac Virginie. Les cigarettiers achètent aussi du tabac Burley au Malawi, premier exportateur africain, devant le Zimbabwe. Enfin le tabac Oriental provient de Turquie, de Macédoine ou de Grèce.
Ce sont tous des tabacs blonds : le Burley est apprécié pour sa force, le Virginie pour sa douceur et l'Oriental pour ses arômes. Le tabac brun n'est plus en vogue, il a d'ailleurs pratiquement disparu des champs en Europe.
Le tabac européen ne représente plus que 6 % de la production mondiale de feuilles (5,6 millions de tonnes, selon les chiffres du prochain rapport Cyclope, à paraître en mai). Mais il est encore très coté par l'industrie, avec des prix (jusqu'à trois euros le kilo) qui restent en haut de la fourchette des prix mondiaux, eux-mêmes tirés par la consommation croissante de cigarettes en Asie et en Afrique.
Le tabac Virginie français est même très recherché : léger, il a l'avantage de faire baisser le taux de nicotine et de goudrons, un paramètre majeur en Europe aujourd'hui. La France est aussi le dernier pays d'Europe à cultiver du tabac Burley, le plus exigeant en main-d’œuvre. Mais sa production (9 000 tonnes en 2013) n'est rien à côté de celle de l'Italie (72 000 tonnes), de la Bulgarie ou de la Pologne (30 000 tonnes), où Imperial Tobacco a fait d'une pierre deux coups : diminuer ses frais salariaux en Europe, un marché de moins en moins porteur, tout en se rapprochant des producteurs polonais de tabac.