Le coût de la pollution

Alerte à la pollution en région parisienne. Depuis ce matin, les Franciliens pratiquent la circulation alternée pour faire baisser les émissions de particules qui salissent l'air. Ces mesures prises pour des raisons de santé publique ont des répercussions sur l'activité économique.

 

Les Parisiens ont voyagé gratis ce week-end dans le métro et les bus d'Ile-de-France. Une mesure prise pour encourager les citadins à laisser la voiture au garage. La RATP a immédiatement chiffré le manque à gagner à 4 millions d'euros par jour. Pour le moment, l'impact économique des autres mesures entrant en vigueur à partir d'aujourd'hui, circulation alternée, limitation des activités industrielles et agricoles les plus polluantes n'ont pas fait l'objet d'évaluation. Il devrait être relativement faible au vu des multiples dérogations accordées à tous ceux qui font un usage professionnel de l'automobile. Evoquer cette facture, c'est un peu prendre la question de la pollution par le petit bout de la lorgnette. Cela revient à prendre ce phénomène comme un fait accompli avec lequel il faut composer. C'est d'ailleurs la position de la firme japonaise Panasonic. Elle a annoncé la semaine dernière qu'elle attribuerait une prime pollution au personnel basé à Pékin. Les autorités chinoises, elles, ont bien compris qu'il fallait de toute urgence enrayer cette pollution, parce qu'elle devient un frein à la croissance.

La pollution coûte plusieurs points de croissance à la Chine

Presque 6%, selon l'étude publiée par la Banque mondiale en 2007, en prenant en compte les effets de la pollution de l'air, bien sûr, mais aussi celle de l'eau sur la santé des Chinois, car c'est surtout sur le plan sanitaire que la pollution est destructrice de valeur sur le long terme. En revanche, à court terme, cela coûte plus cher de lutter contre cette nuisance que de laisser faire. Des centaines de milliards de dollars doivent être injectés pour nettoyer l'économie chinoise des émissions de gaz à effet de serre et des scories du charbon, selon les différentes études réalisées sur le sujet. Les estimations varient de 290 à 870 milliards de dollars. C'est donc un chantier astronomique et de longue haleine que Pékin entend mener. Au début du mois, en évoquant l'objectif de croissance pour 2014, toujours fixé à 7,5% le Premier ministre Li Keqiang a déclaré la guerre à la pollution. Un discours tonitruant qui enfonce le clou après le plan d'ampleur national lancé cet automne. Mais certains analystes estiment que mener cette croisade n'est pas compatible avec cet objectif de croissance, car la Chine dépend encore à 70% du charbon pour faire tourner son économie.

La Chine apparaît aujourd'hui comme le pays le plus concerné par la pollution

Les villes les plus polluées ne sont pourtant pas chinoises, mais iraniennes, mongoliennes, pakistanaises ou indiennes si l'on s'en tient au taux de particule dans l'air. A la demande de New Delhi, la Banque mondiale a fait une étude qui évalue à 6% du produit intérieur brut le coût de la pollution. La péninsule qui, elle aussi, carbure au charbon, est plus affectée que la Chine. L'Asie concentre les plus forts taux de pollution. Mais c'est un phénomène mondial qui se joue des frontières. Avec les courants, l'air vicié se déplace vers l'ouest, on estime qu'un tiers de la pollution dans la baie de San Francisco provient d'Asie.

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