L'agriculture ukrainienne est en péril. C'est pourtant une des grandes réussites de ce pays de la mer Noire qui a beaucoup misé sur le blé et surtout sur le maïs en triplant sa production de grains jaunes en cinq ans. Sur la campagne 2013-2014, l'Ukraine devait se hisser au rang de deuxième exportateur mondial de céréales derrière les Etats-Unis. Mais cet exploit pourrait être sans lendemain.
Pour l'instant, la crise politique et économique en Ukraine n'a pas trop affecté les exportations de la campagne qui s'achève. Pratiquement tout le blé est parti. Quant au maïs, il reste encore 15% de la production à exporter. On a juste observé, la semaine dernière, un petit ralentissement des expéditions : les producteurs ukrainiens rechignaient à vendre leur maïs tant que la monnaie ukrainienne, la hryvnia, continuait de chuter. C'est d'ailleurs ce qui a réveillé les cours européens du maïs vendredi dernier.
Le risque porte avant tout sur la prochaine campagne céréalière en Ukraine, explique la société de conseil agricole Agritel qui dispose d'un bureau à Kiev. L'incertitude politique et la dégradation de la note du pays, au bord de la faillite, ont rendu les banques et les investisseurs frileux. Ils ont arrêté de prêter. Les producteurs ont toutes les difficultés du monde à financer les intrants : semences, engrais et pesticides, non pas pour les semis de blé, ils ont déjà été réalisés, mais pour les semis de tournesol et de maïs qui doivent commencer en avril.
La production ukrainienne de maïs pourrait plonger en 2014-2015. Du coup la défiance vis-à-vis de cette origine est déjà palpable. En lieu et place du maïs ukrainien, c'est du maïs malien qui a été sollicité pour fournir 100 000 tonnes à la Syrie. L'Assemblée permanente des Chambres d'agriculture du Mali a jusqu'à vendredi pour faire une offre, confiait l'un de ses représentants au Salon de l'agriculture, à Paris.