Le trafic d'ivoire finance les groupes armés en Afrique

Trois tonnes d'ivoire vont être détruites à Paris aujourd'hui. Ce geste de la France traduit l'inquiétude grandissante de la communauté internationale vis-à-vis du trafic d'ivoire, qui menace désormais la sécurité du continent africain.

 

Le trafic de l'ivoire n'est plus seulement un danger pour la survie des éléphants. Il devient une menace pour la sécurité en Afrique, parce qu'il finance de plus en plus les groupes armés. En mai dernier, les rebelles de la Seleka ont massacré une vingtaine d'éléphants dans un parc naturel de Centrafrique pour s'emparer de leurs défenses. L'ivoire finance aussi bien les rebelles de l'Armée de libération du Seigneur en Ouganda que les miliciens shebabs somaliens qui paient leurs recrues et leurs armes grâce à l'ivoire qu'ils font passer du Kenya aux ports somaliens.

Monnayer les trophées rapporte gros, un kilo d'ivoire acheté 200 euros à un braconnier peut valoir jusqu'à 2 000 euros en Chine ou en Thaïlande. Ce sont les destinations finales des défenses d'éléphant, qui voyagent dans des cargaisons de charbon, de pierres, voire dans des troncs d'arbres. On en fait des objets de décoration, des bijoux, des baguettes en ivoire, qui signaleraient soi-disant le poison.

Ce commerce, illégal depuis 1989, facilité par la diaspora chinoise en Afrique, prend beaucoup d'ampleur, au vu des prises de plus en plus massives des douaniers. Il y a un an, les guerriers Janjawid sud-soudanais ont traversé plusieurs frontières pour massacrer 300 éléphants dans un parc naturel du Nord-Cameroun. Même en Afrique australe jusque-là épargnée, les méthodes deviennent radicales, avec des éléphants empoisonnés au cyanure dans un parc naturel du Zimbabwe. La communauté internationale s'inquiète, le Conseil de sécurité vient de créer des sanctions à l'encontre des braconniers et des trafiquants d'ivoire, en République démocratique du Congo et en Centrafrique.

De plus en plus d'Etats originaires ou transitaires du trafic durcissent leur législation, dont le Kenya où la fréquentation touristique pâtit du trafic d'ivoire. La police des Etats du Nord et Interpol commencent à considérer le trafic d'ivoire comme le trafic de drogue ou d'êtres humains. Reste à convaincre les consommateurs de ne plus acheter d'ivoire. C'est ce que cherchent à faire les Etats en médiatisant la destruction de leurs stocks d'ivoire. La France le fait aujourd'hui après les Etats-Unis, les Philippines, et même la Chine, une première il y a un mois.

Partager :