La hausse du salaire minimum en discussion dans les pays sortis de la crise

Le niveau du salaire minimum est le nouveau sujet polémique qui divise l'Amérique. Le président Barack Obama propose de l'augmenter de 39%, le Congrès s'y oppose fermement. L'Europe aussi s'interroge sur le bon niveau du Smic.

Le président Obama souhaite que le salaire minimum actuellement à 7,25 dollars de l'heure soit rehaussé à 10 dollars d'ici 2016. Une générosité qui va, bien sûr, droit au coeur de l'électorat démocrate, qu'on flatte dans la perspective du scrutin de mi-mandat prévu à la fin de l'année. Il y a aussi un constat: la pauvreté touche un Américain sur six. Or l'Etat qui s'est mis au régime sec n'a plus les moyens de redistribuer le revenu comme il l'a fait par le passé. Il demande donc aux entreprises de porter le fardeau.

Le contexte s'y prête: la reprise est bien installée et le chômage régresse. Avec le retour de la croissance, le risque de voir les entreprises renoncer aux embauches à cause de cette augmentation du Smic est faible. D'autant plus qu'elles ont les poches bien garnies. En 2013, leurs profits ont atteint un niveau record. Des profits qui vont surtout gonfler les coffres des millionnaires. Ces 5 dernières années, 95% des gains sont allés aux 1% les plus riches.

Les effets de la revalorisation du Smic sur l'économie varient d'une étude à l'autre

Pénalisante pour l'emploi des plus jeunes selon certains, quasiment indolores pour d'autres. Ce qui est sûr, c'est que l'impact sera différent d'un Etat à l'autre. Il sera limité, voire nul, dans les Etats comme la Californie qui pratiquent déjà un Smic à 9 dollars mais il sera plus sensible dans les Etats qui au contraire ne reconnaissent même pas le salaire minimum. Le président Obama cherche justement à gommer les disparités en l'unifiant par le haut.

Indexer le Smic sur l'inflation permet aussi de préserver à long terme le pouvoir d'achat des ménages. En sortant de la pauvreté 30 millions de citoyens comme le prétend le président, la hausse du salaire minium va enfin stimuler la consommation. Cette hausse peut se propager aux salaires et ça aussi c'est bon pour la classe moyenne américaine car, avec la reprise, le chômage décroit mais les salaires sont loin d'avoir retrouvé le niveau d'avant la crise.

Les conservateurs britanniques sont également favorables à la hausse du Smic actuellement de 7,60 euros de l'heure

Là encore, il y a une part de calcul politique. Les Tories qui doivent retourner bientôt devant les électeurs aimeraient bien gommer leur profil de parti des riches. Mais ce qui est intéressant, c'est que leur préoccupation politicienne rejoint celle des dirigeants d'entreprise. Dans ses voeux le directeur de la confédération patronale souhaite que les salaires soient bonifiés cette année pour redonner confiance aux salariés.

L'Allemagne, qui a basé sa croissance des dix dernières années sur la flexibilité, s'est convertie aux vertus du Smic qui sera progressivement appliqué à tous les secteurs. Pour ces trois pays aujourd'hui à l'abri d'une rechute, la compression des salaires a été un remède anti-crise, mais il est temps d'en sortir.

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