Etats-Unis : enfin une trêve dans la bataille budgétaire

Les parlementaires américains se sont enfin mis d'accord sur un projet de budget pour les deux ans à venir que les deux chambres doivent maintenant voter. Le compromis trouvé cette nuit en commission est une étape décisive, car la menace d'une fermeture automatique de l'administration à la mi-janvier est maintenant écartée.

En fixant le cadre budgétaire pour les deux années à venir, les parlementaires américains donnent aux milieux d'affaires l'éclairage qu'ils attendaient depuis le mois d'octobre. Pour satisfaire les républicains, il n'y aura pas de hausse des impôts, mais il y aura des nouvelles dépenses. Notamment pour compenser les coupes automatiques dans le budget de la défense qui affecte durement l'industrie et désorganise les services de l'Etat. Les coupes qui représentaient une économie de 218 milliards sur les deux prochaines années seront finalement allégées d'un tiers.

Alors, pour trouver de l'argent sans remettre en cause la maîtrise des comptes publics, les cotisations retraites des fonctionnaires fraîchement recrutés sont augmentées et la taxe fédérale prélevée sur tous les billets d'avion est relevée. Les autres perdants de ce compromis sont les chômeurs. Leurs droits ne seront pas prolongés au-delà des 26 semaines réglementaires comme le souhaitaient les démocrates. Au prix de concessions mutuelles, les parlementaires dotent enfin les Etats-Unis d'un budget, tout en maintenant le cap sur une réduction du déficit public. L'accord est qualifié d'historique parce que pour la première fois depuis longtemps, il n'a pas été trouvé sous la menace du « shutdown ».

Au mois d'octobre, l'administration a fermé pendant quinze jours, et cela a causé un vrai traumatisme pour l'économie

Ce « shutdown » a coûté 24 milliards de dollars, selon Standard and Poor's. Sans doute beaucoup plus si on prend en compte l'effet psychologique induit. Car depuis le mois d'octobre, beaucoup d'investissements et d'embauches ont été remis à plus tard, par crainte d'un nouvel échec du Congrès. Cet impact extrêmement néfaste est difficile à quantifier, mais une chose est sûre : il continuera à peser sur le moral des ménages et des décideurs, car cet accord n'est qu'une victoire d'étape. Une fois le budget adopté, les parlementaires vont se cogner au plafond de la dette. Et s'ils échouent à le relever, c'est la menace de la faillite qui plombera l'atmosphère.

Dans l'immédiat, le nouveau cadre budgétaire trouvé pour les deux prochaines années apporte-t-il un soulagement à l'économie américaine ?

L'allègement des coupes automatiques dans les dépenses, c'est une bouffée d'oxygène pour l'industrie de la défense et, donc, des licenciements évités dans un secteur pourvoyeur d'emplois. Mais il ne faut pas exagérer le bénéfice des compensations, car les deux tiers des coupes sont maintenus. La fin de l'indemnité chômage au bout de 26 semaines consécutives de recherche d'emploi aura, elle, un impact négatif pour un million de ménages dès le mois prochain. Par extension, c'est un manque à gagner pour la grande distribution spécialisée dans les produits à bas coût. Au-delà de ces effets ponctuels, l'accord met un terme à des années de guerres parlementaires éprouvantes pour le climat des affaires. C'est peut-être le signal que les décideurs attendaient pour reprendre l'initiative.

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