L’allègement des charges aux entreprises françaises, cadeau ou bouée de sauvetage ?

La bataille pour l'emploi demeure la priorité du président français François Hollande. Pour mener cette offensive, il a proposé dans ses voeux aux Français un pacte de responsabilité aux entreprises. En clair une baisse des charges contre la création d'emploi. Mais est-ce un cadeau aux entreprises ?

Un cadeau selon une frange de l'électorat du président socialiste, et pourtant c'est plutôt une bouée de sauvetage selon les bénéficiaires, des entreprises qui ont de plus en plus de mal à tenir le choc face aux concurrents étrangers. Selon les projections du Boston Consulting Group, le coût du travail dans l'industrie française, c'est-à-dire là où la destruction d'emploi a été la plus massive, aura en 2015 dépassé de 12% ceux de l'Allemagne, de 24% ceux de la Suède et de 38% ceux des Etats-Unis.

C'est pourquoi une baisse des charges est salutaire dans les secteurs qui exportent. Deuxièmement et cela concerne toutes les entreprises, y compris celles qui ne comptent que sur le marché national, leurs finances sont aujourd'hui dans un piteux état. Leurs marges relatives ont chuté à leur plus bas niveau depuis 1985. Ce sont les plus faibles de toute l'Europe. Trop mince pour financer l'investissement indispensable à leur développement. Il leur faut donc une bouffée d'oxygène pour retrouver des marges confortables et faire les investissements qui seront les emplois de demain.

L'impact psychologique du crédit d'impôt compétitivité emploi

Le crédit d'impôt compétitivité emploi, c'était le premier allègement de charge offert par le président François Hollande aux entreprises. Pour le moment, le crédit d'impôt compétitivité emploi a eu surtout un impact psychologique, car ce crédit d'impôt accordé en 2013 aux sociétés contre des embauches à bas salaires ne sera apparent dans les comptes des entreprises qu'à partir de cette année.

C'est pourquoi les marges des premiers bénéficiaires du Cice ont continué à se détériorer malgré ce premier allègement. En proposant une nouvelle baisse des charges, le président français cherche à accélérer le rebond car c'est dans le secteur privé que réside les gisements d'emploi et non dans le secteur public où la dépense est de plus en plus contrainte en raison de la lutte contre les déficits.

Du donnant-donnant avec les entreprises

C'est du donnant-donnant que propose le président, ce n'est pas un chèque en blanc mais un pacte de responsabilité nous dit-il, où les entreprises s'engagent à embaucher. Et puis il faut garder à l'esprit que cet allègement ne s'adresse pas nécessairement aux poids lourd du CAC 40.

Les grandes entreprises qui pompent déjà 90% de l'aide publique accordée aux entreprises et qui réalisent l'essentiel de leur activité à l'étranger. Mais plutôt aux petites entreprises. Les 3 millions de PME représentent 99,9% des entreprises françaises, et avec leur petit bras, elles fournissent 52% de l'emploi salarié, plus d'un emploi privé sur 2. Ce sont elles qui créent de l'emploi. Ce sont elles qui ont besoin d'un coup de pouce.
 

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