Nouvel effort de régulation du gendarme américain des marchés de matières premières

A la veille du renouvellement de son équipe, la CFTC, le gendarme américain de marchés premiers veut décidément laisser sa marque : celle de la régulation.

Et de deux. C'est la deuxième fois que la CFTC tente de limiter les positions des opérateurs sur 28 matières premières, du pétrole au cuivre en passant par le jus de fruit congelé. Chaque négociant, chaque producteur, chaque grossiste ou raffineur, et a fortiori chaque banque aura le droit d'acheter ou de vendre au maximum un quart des quantités livrables à une date donnée par les entrepôts certifiés des bourses américaines de matières premières. De sorte qu'au moins 80 opérateurs différents pourront confronter leurs ordres de ventes et d'achat. L'objectif c'est d'éviter qu'un ou deux opérateurs soient en mesure de manipuler les prix parce qu'ils posséderaient ou auraient vendu à eux seuls une trop grande quantité de contrats. C'est ce qu'on avait vu à l'œuvre à l'aube des années 1980, avec la manipulation des prix de l'argent par les frères Hunt. Puis sur les prix américains du gaz, au milieu des années 2000.

En 2008, le pic des prix du pétrole et donc de l'essence, sacro-sainte aux Etats-Unis, avait persuadé le gendarme des marchés américains de matières premières qu'il fallait agir. La loi Dodd Frank devait permettre plus de régulation pour éviter la spéculation, mais force est de constater qu'à part la publication des opérations, qui a certes permis plus de transparence, rien n'a vraiment abouti. La précédente tentative de la CFTC pour limiter l'emprise des gros opérateurs sur les marchés a été retoquée l'an dernier en justice, signe d'une grande résistance de ces opérateurs. Mais le gendarme américain des marchés de matières premières revient à la charge. Son président Gary Gensler va bientôt céder sa place et il veut laisser son empreinte, de même qu'un des plus fervents de ces commissaires, Bart Chilton. Ce dernier également fervent amoureux de blues n'a pas hésité à emprunter les paroles d'une chanson d'Etta James pour exprimer son espoir que les réformes des marchés de matières premières allaient voir le jour, « enfin », « at last »...

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