Quatre habitants sur cinq n'ont pas l'électricité en Afrique de l'Ouest. Et encore, est-ce une moyenne ? En zone rurale, c'est la quasi-totalité des habitants qui est privée de courant : 96 %! On sait par ailleurs que cela coûte aux économies jusqu'à 5 points de croissance, les entreprises étant confrontées à une électricité intermittente ou trop chère. Car ce n'est pas le raccordement au réseau qui constitue le principal problème, mais la rentabilité des centrales électriques. De trop petite taille, marchant au fuel ou au diesel, le plus souvent importé, ces petites centrales fournissent une électricité trois à quatre fois plus chère à produire qu'en Europe, alors que la population ne peut tout simplement pas en payer le prix.
Le problème paraît insoluble. De plus grandes installations seraient nécessaires, les barrages électriques fournissent par exemple l'électricité la plus rentable, mais l'investissement de départ est énorme, on voit bien le retard pris par le barrage Inga en RD Congo, dans une autre région sinistrée en matière d'électricité, l'Afrique centrale. La Guinée est le véritable château d'eau ouest-africain mais elle a le bonnet d'âne pour la production électrique. Les problèmes de gouvernance sont en cause, comme au Nigeria : le géant du pétrole n'en fabrique pas pour autant de l'électricité mais, en revanche, des petits moteurs de générateurs au diesel, diesel importé !
La Côte d’Ivoire voudrait se démarquer de ce très sombre tableau et elle affiche son volontarisme, en organisant ce séminaire. Car le pays du cacao devient aussi un producteur de gaz, et la Côte d’Ivoire veut destiner 70% de ce gaz à la production d'électricité. La Mauritanie a également fait ce choix d'utiliser ses ressources en gaz pour alimenter une grande centrale électrique, dont une partie du courant sera revendue au Sénégal. Des progrès pas à pas sur un très long chemin vers la lumière.