C'est une nouvelle illustration du caractère cyclique des cours des matières premières. Après des prix du café très rémunérateurs, et notamment un pic historique en février 2011, les pays caféiers ont été encouragés à étendre les plantations, à les rajeunir et les caféiculteurs à mieux les entretenir.
Le résultat est visible aujourd'hui un peu partout y compris en Afrique de l'Est. Mais il est surtout impressionnant au Brésil, le numéro un mondial aura la meilleure des productions pour une année intermédiaire (47,5 millions de sacs de 60 kg). Et au Vietnam qui attend une production record (27 à 29 millions de sacs) de café robusta, dont il est le champion.
Les négociants qui reviennent du pays asiatique ont constaté que les plantations s'étaient encore étendues et que les caféiers ployaient sous les cerises. La récolte vietnamienne va commencer alors que les fermiers et les intermédiaires ont encore en réserve du robusta de l'an dernier. Il y aura donc un nouveau surplus mondial de café robusta, comme d'arabica, cette année.
Car la consommation du breuvage ne se redresse pas en Europe ; aux Etats-Unis elle stagne ; et dans les pays émergents, la mode du café cesse de progresser depuis qu'ils sont à leur tour entrés en crise. C'est pour quoi, malgré l'épidémie de rouille dans les plantations d'Amérique centrale, le cours de l'arabica a perdu 62% depuis le pic de 2011. Et pourquoi le robusta, pourtant moins cher, est également en repli de 38%.
A la bourse de Londres, le cours du robusta est au plus bas depuis trois ans. Pour tenter de résister à cette glissade des prix sur le marché physique, les fermiers vietnamiens font de la rétention comme jamais : les exportations n'ont jamais été aussi faibles qu'en ce mois d'octobre. Mais cela ne suffira pas à redresser notablement les cours.
Les caféiculteurs du Vietnam sont soutenus par le gouvernement ; au Brésil ils devraient bénéficier d'un prix subventionné au printemps prochain. Mais là où les caféiculteurs n'ont pas de filet, la baisse des cours devrait faire très mal.