La rouille du café crée la panique en Amérique centrale, beaucoup moins sur les marchés

Mardi, le Costa Rica a décrété l'état d'urgence contre un parasite, la rouille, qui menace une partie de la récolte de café dans toute l'Amérique centrale. Pourtant l'affolement n'a pas gagné les marchés, qui fixent les prix de l'arabica.

La rouille, c'est ce champignon, disséminé par le vent, qui prend la forme d'une poudre orange sur les feuilles des caféiers. Au XIXe siècle, la rouille a décimé les caféiers de Ceylan, en Asie, c'est d'ailleurs ainsi que l'ancienne colonie britannique, l'actuel Sri Lanka, est passée à la culture du thé ! Aujourd'hui, on sait lutter contre ce parasite, en traitant les caféiers avec des fongicides.

Pourtant, les pays d'Amérique centrale s'alarment depuis quelques jours. Le Costa Rica a décrété l'état d'urgence : le gouvernement s'est engagé à verser 4 millions de dollars d'aide aux paysans pour les aider à traiter les caféiers. Au Honduras et au Guatemala, c'est dix fois plus que demandent les planteurs. Les paysans et les pays producteurs d'Amérique centrale sont à cran, car les revenus de l'arabica ont bien baissé depuis deux ans : les cours sont deux fois moins élevés qu'en mai 2011, lorsque la Colombie avait eu une très mauvaise production. Aujourd'hui, les pays d'Amérique centrale ont peur de cumuler des prix bas et une baisse de production, même si elle est mineure.

Tout le bruit fait autour de la rouille du café en Amérique latine aurait-il pour objectif de faire remonter les cours ? Certains le pensent, puisque le parasite était annoncé depuis le mois de septembre, et que l'on a attendu janvier pour en parler autant, c'est-à-dire le moment où les fonds indiciels revoient la composition de leur portefeuille de matières premières. Ces spéculateurs, pour garder la même valeur de café dans leurs investissements, ont mécaniquement augmenté les volumes de café qu'ils détenaient, ce qui a occasionné une demande d'arabica supplémentaire sur les marchés en janvier, et donc une petite augmentation des cours, amplifiée par les mauvaises nouvelles autour de la rouille.

Mais les marchés n'ont pas été inquiets très longtemps, les cours de l'arabica sont vite retombés. Malheureusement pour les vendeurs d'arabica d'Amérique centrale, les acheteurs considèrent qu'il est trop tôt pour s'inquiéter de la rouille du café, d'autant que la Colombie, poids lourd de l'arabica dans la région, est totalement épargnée.

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