La classe moyenne brésilienne veut sa part du gâteau

La rue brésilienne est toujours en ébullition. La présidente Dilma Roussef a bien entendu le message des manifestants, elle comprend leurs attentes, mais cela ne suffit pas à les calmer pour le moment. La nouvelle classe moyenne brésilienne réclame un meilleur niveau de vie.

Il y a dix ans cette nouvelle classe moyenne n'était pourtant qu'un projet politique. Grâce au programme de transferts sociaux mis en place par le président Lula, grâce au boum de l'économie, 30 millions de Brésiliens sont depuis sortis de la pauvreté. Ils forment cette nouvelle classe moyenne aujourd'hui en colère parce qu'ils se sentent exclus de la grande fête de la consommation. La hausse de 6% du prix du ticket de bus à Sao Paulo a été l'étincelle. Le transport absorbe déjà le quart du revenu d'un foyer qui vit avec le revenu minimum. Y consacrer 6% de plus implique de renoncer à d'autres biens de consommation. Or, consommer au Brésil est devenu aussi naturel que danser pendant le carnaval. Le succès de la carte de crédit est le symbole le plus fort de cette économie portée par la consommation domestique. Tout allait bien tant que la croissance était florissante, mais depuis 2011, l'économie brésilienne cale. Sa croissance annuelle n'a plus rien à voir avec celles des autres Brics, 1% seulement en 2012 contre 6% en Inde ou encore 8% en Chine. Avec l'inflation qui a dépassé le seuil critique des 6%, la boulimie de ces nouveaux consommateurs brésiliens n'est plus soutenable.

Comment sortir de cette stagflation ?

Il faut changer le moteur. Passer d'une économie tirée par la consommation domestique à une économie tractée par les investissements. Ce ne sont pas les chantiers qui manquent. Outre l'organisation de la Coupe du monde, le Brésil a des travaux d'Hercule à réaliser pour agrandir ses ports, construire des voies ferrées, des routes. Ces ouvrages relanceront l'activité et leur construction permettra aussi une meilleure exploitation des ressources naturelles. Le soja ou le fer brésilien sont trop souvent bloqués dans des silos en raison de l'engorgement des transports. Passer de la production des matières premières à leur transformation accrue est un autre défi à relever. Il y a dix ans, les produits manufacturés représentaient la moitié de ses exportations. Aujourd'hui, un tiers seulement. Avec certes un volume d'échanges qui a explosé, le Brésil a une balance commerciale largement excédentaire.
 
Le Brésil a donc encore quelques atouts pour répondre aux attentes des citoyens

Des atouts, et des fondamentaux solides. La dette publique a été ramenée à 35% du produit intérieur brut. Malgré les barrières mises en place par Dilma Roussef pour empêcher la surévaluation du real, le pays est encore très attractif pour les investisseurs étrangers. Enfin, rapporté au nombre d'habitants, son PIB est encore bien supérieur à celui de la Chine ou de l'Inde. La sixième économie du monde a le ressort pour mieux redistribuer la richesse, c'est la principale revendication d'une classe moyenne qui représente aujourd'hui la moitié de la population.
 

 

 

 

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