Plusieurs quotidiens africains reprennent ce lundi les mots du pape François lors de sa messe pascale. Guinéeconakry.info se félicite que l'Afrique n'ait pas été oubliée. Le souverain pontife a abordé « les nombreuses crises sociopolitiques qui assaillent le continent africain ». « Dans son message pascal, il a explicitement évoqué le conflit malien, les prises d’otages récurrentes au Nigeria, la situation difficile dans l’est de la RDC, ou encore la confusion qui règne en Centrafrique ». Une énumération qui « sonne comme une légitime mise en garde » pour l'Afrique, pense Guinéeconakry.info.
Le journal s'inquiète notamment des affrontements qui ont eu lieu ce week-end à Tombouctou, au Mali. Ils constituent une sérieuse remise en cause « des affirmations rassurantes du président François Hollande ». « Tous les objectifs ne sont pas atteints », serait-on tenté de signifier au président français. Liberté Algérie rebondit sur ces difficultés françaises au Mali, à l'occasion du passage à l'heure d'été en France. Le dessin du cartooniste Dilem s'étale en Une : il montre un extrémiste, une bombe à la main, demandant à des soldats français s'il faut avancer ou décaler d'une heure…L'heure de la minuterie.
Le nouveau pouvoir kaki
Le Pays, au Burkina Faso, revient lui sur ces « zones de fortes turbulences » que traverse l'Afrique en ce moment, avec « l'avènement de coups d’État d'un nouveau genre ». Le Pays revient sur la prise de pouvoir par les hommes de la Seleka à Bangui. « A la différence des régimes militaires figés des années 70, croit savoir le journal [...] les pouvoirs issus de coups d’État militaires, de nos jours, procèdent autrement, avec un nouveau « discours de la méthode » ». Moins de coups de matraque, plus de liberté d'expression, plus de communication, en d'autres termes. « L’accord de l’opinion est [devenu] l’instrument indispensable, à la longue, de toute action politique ».
Ces coups d’État ont d'ailleurs parfois été promus par les élites nationales ou l'opinion publique, souligne Le Pays. Le journal se demande, du coup, si l'Afrique ne devrait pas faire le deuil de la démocratie, qui déçoit plus qu'elle ne développe le continent. Mais non, martèle journal, non la démocratie est toujours le « régime préférable par excellence ». « Le pouvoir kaki, nous n’en voulons plus ! Ça suffit ! »
3 000 réfugiés centrafricains au Cameroun
L’une des conséquences de la chute de François Bozizé en Centrafrique : un afflux massif de réfugiés au Cameroun. Cameroon Tribune évoque le chiffre de 3 000 réfugiés centrafricains entrés dans le pays depuis la chute du président. Ils « arrivent par vagues successives » dans l'est du pays, particulièrement, dans la ville frontalière de Garoua-Boula, « soit en empruntant des pistes villageoises, soit en passant par la frontière officielle ».
Alors, parmi eux, beaucoup de civils, mais aussi des militaires, précise le journal camerounais. Ils seraient « précisément 185 militaires centrafricains » à avoir demandé l'asile et à être hébergés - sans armes - dans le camp militaire de Bertoua. Ils bénéficient d'ailleurs d'une partie de l'aide acheminée dans l'est du pays. Ces vivres proviennent des autorités camerounaises, de la Croix-Rouge locale et du Haut commissariat aux réfugiés du Cameroun.
François Bozizé bientôt Béninois ?
François Bozizé avait lui aussi pris la route du Cameroun dans les heures qui ont suivi la prise de Bangui. On apprend maintenant dans La Nouvelle Tribune qu'il pourrait devenir Béninois. « Le désormais ex-président centrafricain [...] trouverait bientôt exil définitif au Bénin. L’information provient, selon le quotidien, de plusieurs sources, notamment du ministre béninois des Affaires étrangères ». François Bozizé aurait selon ces mêmes sources demandé l'asile au Bénin et rallierait Cotonou cette semaine avec sa famille.
Le journal béninois, en citant un extrait de La Lettre du Continent, précise même que « les autorités béninoises ont proposé à François Bozizé d’être hébergé [...] à Tchakou, petit village situé à une quinzaine de kilomètres de la capitale ». « Bozizé retourne donc au Bénin, conclut La Nouvelle Tribune. Ce pays où il s’est réfugié pendant plusieurs années dans les années 80 après avoir été soupçonné par le régime centrafricain de l’époque de manigancer un putsch ».
Chine versus huileries sénégalaises
On termine cette revue de presse au Sénégal. La Chine « déferle dans l’arachide » : c’est le titre choisi par Jeune Afrique dans son édition économique. Au port de Dakar, 53 000 tonnes d'oléagineux étaient en instance de départ mi-mars. « Assez pour que huiliers et opérateurs privés stockeurs (les intermédiaires), tirent la sonnette d'alarme ». Ils demandent que la filière soit mieux encadrée pour « préserver l'industrie locale » mais aussi pour « constituer un stock semencier pour le prochain hivernage ».
Jeune Afrique raconte que les opérateurs sénégalais stockeurs n'ont pas atteint leurs objectifs de récolte. Ces opérateurs sont d'ailleurs court-circuités par les négociants chinois. Contrairement aux autres étrangers, ceux de l'Empire du milieu « viennent avec leur argent et opèrent au bord du champ ou avec l’aide de rabatteurs locaux ». Les opérateurs trépignent, mais le journal souligne dans sa version en ligne que les paysans, eux, tirent leur épingle du jeu. « Les négociants, surtout chinois, proposent jusqu’à 270 FCFA le kilogramme d’arachide en lieu et place des 190 FCFA officiels. Du jamais vu ! »