Le président Deby a tout simplement perdu patience. C'est ce qu'explique son entourage. Il y a près d'un an, en mai 2012, il s'est rendu à Bangui et a appelé publiquement son homologue à dialoguer avec l'opposition. Signe du malaise qui existait déjà entre les deux chefs d'Etat.
En privé, Idriss Déby lui aurait aussi demandé d'abandonner son projet de modifier la constitution pour briguer un troisième mandat. Il s'attirerait les foudres de la communauté internationale. Ce qu'évidemment François Bozizé a eu du mal à accepter de la part d'un parrain qui avait lui-même, en son temps, modifié la Constitution pour rester au pouvoir.
Dans les mois qui ont suivi, les relations n'ont fait que s'envenimer, François Bozizé soupçonnant son voisin du nord de soutenir les rebelles, puisqu'il accueillait deux de leurs leaders au moins sur son sol. Le même Bozizé a accusé la garde rapprochée tchadienne, mise à disposition par Idriss Déby, de commettre des exactions à Bangui. En octobre, elle a donc plié bagage. Et preuve d'ultime défiance, qui a choqué tous ses pairs de l'Afrique centrale, François Bozizé s'est tourné vers l'Afrique du Sud pour assurer sa protection.
Quand la Seleka a lancé sa première offensive sur Bangui, en décembre, les militaires tchadiens étaient intervenus. Principe de précaution, Ndjamena soupçonnait Michel Djotodia d'entretenir de bonnes relations avec la rébellion tchadienne. Mais dès janvier, le régime tchadien avait obtenu des chefs de la Seleka l'assurance que Bangui ne deviendrait pas la base arrière des opposants à Idriss Déby. Ce qui explique aussi pourquoi cette fois, les militaires tchadiens sont restés l'arme au pied.