Si le protocole d'entente se transforme en accord d'ici quelques mois, la Russie livrera pas moins de 38 milliards de m3 de gaz annuel à la Chine dans cinq ans, soit plus que ce que Gazprom expédie à ce jour en Allemagne. Le contrat avec la Chine porterait sur trente ans. C'était un voeu de Moscou : réorienter une bonne partie de ses ventes vers l'Asie, où la consommation d'énergie est en très forte croissance. C'est un impératif aujourd'hui que l'Europe consomme moins de gaz du fait de la crise, que les opérateurs européens renégocient les prix de leur contrat à long terme et que Bruxelles lance même des procédures judiciaires contre Gazprom, le géant russe du gaz, pour abus de monopole en Europe.
Pourtant le résultat des discussions entre Pékin et Moscou est bien en deçà des attentes russes. D'abord, il n'est pas question pour la Chine d'accepter d'être alimentée par les mêmes gisements de Sibérie occidentale que les Européens. Gazprom espérait mettre en concurrence ses clients européens et chinois pour faire monter les enchères sur les prix, c'est raté ! Seuls les gisements de Sibérie orientale, encore à exploiter, devront fournir la Chine, a imposé Pékin. Cela demandera un développement et des infrastructures supplémentaires coûteuses pour la Russie, sans qu'elle soit assurée de vendre son gaz à un prix élevé. Selon certains analystes, Gazprom comptait sur 300 dollars les 1000 m3 de gaz, l'équivalent de 8,5 dollars le million de BTU ; la Chine ne concèdera rien à plus de 7 dollars. Le gaz russe n'est pour le géant chinois qu'une source alternative d'approvisionnement, Pékin peut déjà compter sur le gaz d'Asie centrale et de Birmanie, et sur les cargaisons de gaz naturel liquéfié du Qatar ou d'Australie.