En 150 ans, l'industrie française du caoutchouc n'en est pas à sa première épreuve. Elle a connu les ruptures d'approvisionnement des deux guerres mondiales, lorsque la route des plantations indochinoises d'hévéa, sources du caoutchouc naturel, étaient bloquées. L'industrie française s'est alors recentrée sur ses plantations africaines. Ele s'est aussi très massivement convertie au caoutchouc synthétique fabriqué à partir d'hydrocarbures. Mais alors, nouvelle épreuve : les chocs pétroliers ; le caoutchouc synthétique bon marché, c'était fini.
Le XXIe siècle est à son tour marqué par une crise économique prolongée en Europe, avec un déclin de l'industrie automobile sur le Vieux Continent. Or 60 % du caoutchouc, dont 40 % du caoutchouc naturel, est destiné à l'automobile : une petite moitié pour les pneus, bien sûr, mais aussi les supports moteurs, les joints de portières, les essuie-glaces...
L'an dernier toute l'industrie européenne du caoutchouc a vu ses ventes plonger ; ce qui a sauvé ses résultats, c'est la baisse des prix du caoutchouc naturel. En 2011, au contraire, l'industrie avait été étranglée par leur envolée à plus de 500 dollars la tonne.
Et l'avenir ? Certes, le nombre de véhicules devrait doubler sur la planète, mais la croissance de l'industrie du pneu et du caoutchouc est ailleurs, désormais, en Chine et en Inde. L'industrie française n'en perd pas pour autant la volonté de rebondir, grâce à l'innovation : la création de produits très techniques, comme les pièces qui mêlent caoutchouc, métal et électronique dans l'automobile, l'aéronautique ou la médecine. Et puis la recherche et le développement s'accroissent, notamment pour garantir l'approvisionnement à long terme, en caoutchouc : on cherche d'autres sources végétales, non alimentaires (programme « bio proof »).
Enfin le recyclage des pneus se développe, et pas seulement pour faire des terrains de sport. En attendant que l'on trouve la formule magique pour rendre le caoutchouc à son état initial, d'avant la vulcanisation. Le procédé inventé par Charles Goodyear, qui est à l'origine de toute l'histoire !