L'Europe a déjà bien du mal, aujourd'hui, à obtenir les rares cargaisons de gaz naturel liquéfié qu'elle souhaite, parce qu'elle les paie dix dollars le million de Btu, l'unité de mesure de référence, quand les pays asiatiques sont prêts à en offrir près du double ! C'est le prix record qu'a accepté de payer le Japon l'an dernier, depuis qu'il a mis à l'arrêt ses centrales nucléaires.
Dans le même temps, les quantités de gaz naturel liquéfié disponibles se réduisent sur le marché mondial. Des unités ferment en Indonésie, en Alaska, il faudra attendre fin 2014 pour que de nouvelles usines de liquéfaction voient le jour en Australie et au Qatar ; 2018 avant que les Etats-Unis ne puissent se mettre à exporter leur gaz de schiste liquéfié ! Or les pays producteurs du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord consomment de plus en plus leur propre gaz, voire importent du GNL ou sont sur le point de le faire, qu'il s'agisse de l'Egypte, ou des Emirats Arabes Unis.
Le marché du gaz naturel liquéfié devrait rester sous-approvisionné pendant au moins deux ans, reconnait l'Agence internationale de l'énergie. Les méthaniers continueront à privilégier les ports asiatiques parce que les Européens n'ont pas les moyens de renchérir et n'ont pas pour l'instant un besoin aussi vital de ce gaz : la crise a ralenti la demande et l'approvisionnement européen se fait majoritairement par gazoducs.
Mais à l'horizon 2030, estime-t-on chez Total, l'Europe pourrait voir la sécurité de son approvisionnement menacé. Ses propres gisements en Mer du Nord et en Norvège seront épuisés. On ne sait pas ce que la Pologne produira en gaz de schiste. Et il faudra renégocier les contrats à long terme avec l'Algérie ou la Russie.
C'est ce qui fait dire au groupe pétrolier français qu'il est urgent pour l'Europe de construire un nouveau gazoduc à partir des gisements d'Azerbaïdjan, en Asie centrale.
A l'Agence internationale de l'énergie on est plus rassurant : d'ici 2030 beaucoup de gisements gaziers seront entrés en production, de la Méditerranée à l'Afrique de l'Ouest et de l'Est, cela contribuera à calmer les prix.