C'est une vraie bombe à retardement qui fait entendre son tic-tac inquiétant dans tout le sud de l'Europe. Premier étage de cette arme de destruction massive d'avenir : l'émigration des jeunes désœuvrés. Au Portugal par exemple, le taux de chômage des 15-24 ans est passé de 30 à 40% entre décembre 2011 et décembre 2012.
Comme l'Italie ou l'Espagne, ce pays a donc renoué avec l'émigration. Mais cette fois, ce sont les plus diplômés les mieux préparés à la compétition internationale qui tentent leur chance ailleurs. Une main d’œuvre qui fera cruellement défaut lorsque la reprise pointera le bout de son nez.
Quels pays profitent cette émigration massive ?
Les pays en développement, traditionnellement réservoirs de main d’œuvre pour l'Occident, sont maintenant en position d’accueillir ces migrants européens. L’Angola par exemple a déjà reçu plusieurs dizaines de milliers de ressortissants portugais, qui viennent chercher dans l'ancienne colonie les miettes du développement promis par l'industrie pétrolière.
Le Mozambique commence aussi à être un pays d'immigration recherché pour les lusophones. Mais les destinations les plus prisées sont européennes. L'Allemagne à court de bras pour faire tourner ses propres usines a très vite mis en place des dispositifs pour attirer les jeunes diplômés espagnols ou italiens. Le Royaume-Uni et la Suisse sont les autres favoris. Plus pour très longtemps en ce qui concerne la Confédération helvétique.
Berne, qui a déjà limité l'émigration en provenance d'Europe de l'Est, envisage de prendre des mesures similaires pour stopper momentanément l'arrivée des Italiens, Portugais et Espagnols. Dans un pays où la préférence nationale est devenue une valeur défendue par quasiment tous les partis politiques, il faut à tous prix défendre les emplois. Pour ces jeunes à la recherche d'un avenir meilleur il n'y a donc plus d'eldorado comme l'ont été les États-Unis.
Autre phénomène inquiétant : la baisse de la natalité observée dans ces pays
C'est un chercheur autrichien de l'institut démographique de Vienne qui a mis en évidence le deuxième étage de cette bombe démographique. D'après son étude, le taux de fécondité a baissé dans les pays les plus touchés par la crise. A savoir la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Irlande. Le contraste entre les années du boom économique et celles de la crise est flagrant. Il y a une corrélation très nette entre le taux de chômage et le recul des naissances, avec un décalage d'un an entre l'aggravation du chômage et l'évolution de la fécondité.
Les femmes font moins d'enfants par peur de l'avenir mais aussi parce que l'austérité a rogné les aides gouvernementales. Quelques chiffres : en Grèce, les avortements ont augmenté de 50% en 2011. Au Portugal, le nombre de naissances est tombé l'année dernière à son plus bas niveau depuis 60 ans. Certaines villes portugaises supportent déjà les conséquences du déséquilibre démographique en cours. Il faut de plus en plus de moyens pour subvenir aux besoins des plus âgés. Mais la combinaison du chômage, des départs à l’étranger, les villes n'ont pas le budget suffisant pour assumer leurs missions.